La classe moyenne ivoirienne, qui représente un quart de la population, est encore de taille insuffisante pour entraîner
une croissance économique par la consommation, selon une étude présentée jeudi à Abidjan.
26,4% des 23 millions d’habitants de la Côte d’Ivoire (qui compte plus de 5 millions d’étrangers) appartiennent à la classe moyenne, selon cette étude intitulée “Le réveil des classes moyennes ivoiriennes ?”, réalisée par l’Ecole nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée d’Abidjan (Ensea).
Les auteurs de l’étude font rentrer dans la catégorie classe moyenne les personnes qui gagnent plus de quatre dollars par jour, en excluant les 5% les plus riches de la population, ce qui en fait une catégorie “très hétérogène”.
“La classe moyenne ivoirienne a augmenté ces six dernières années, grâce à la forte croissance économique , de 8 à 9% par an, mais elle reste inférieure à ce qu’elle était dans les +20 glorieuses+, les années 1960 et 70, dites du +miracle ivoirien+”, commente Hugues Kouadio, directeur de l’Ensea et coauteur de cette étude réalisée pour le compte de l’Agence française de développement.
“Le taux de pauvreté qui n’était que de 10% à cette époque a grimpé à 47%”, rappelle-t-il, après 30 ans de crises économiques et politiques des années 1980 aux années 2000.
“Il y a une classe moyenne en train de se constituer, avec des besoins en matière de santé, d’éducation, de logement, de transport, et de bien-être”, mais elle reste “très hétérogène”, explique M. Kouadio. Le bas de la catégorie, agriculteurs, commerçants du secteur informel, petites retraités, qui représentent 79% de la classe moyenne, reste “vulnérable” et peut retomber dans la pauvreté en cas de coup dur. Alors que la Côte d’Ivoire vise “l’émergence” d’ici à 2020, selon son
gouvernement, sa classe moyenne reste petite par rapport à d’autres pays considérés comme émergents, le Brésil (où elle atteint 61% de la population) et le Vietnam (75%).
“La classe moyenne n’est pas suffisamment forte pour impulser de la croissance en terme de consommation”, analyse Hugues Kouadio, pour qui “la question de la redistribution de la croissance est une vraie problématique en Côte d’Ivoire”.