Les géants américains débarquent en France pour tenter d’imposer leurs boîtiers permettant d’accéder à des services internet sur le téléviseur. Il ne sera pourtant pas simple de convaincre les consommateurs.
“Le futur de la télévision, ce sont les applis”, a lancé le PDG d’Apple, Tim Cook, lors de la présentation de la nouvelle Apple TV. Ce qu’il ne pensait pas lancer, c’est une guerre des box TV qui s’apprête à démarrer en France. Petit retour en arrière.
Tout part des Etats-Unis, au début des années 2010. En effet, les Américains ne bénéficient ni de service similaire à la TNT, ni de “box” fournie par leur opérateur internet pour accéder à la télévision par internet. Ils consomment la télé grâce à des abonnements à des câblo-opérateurs, pour une moyenne de 80 dollars mensuels par foyer. En 2011, Netflix tape du pied dans la fourmilière avec une offre de streaming de films et séries en illimité (on parle de “SVOD”) pour 7,99 dollars par mois. Sauf qu’il faut un boîtier pour accéder à ce service sur sa télévision, au risque de ne le consommer que sur un ordinateur. C’est là qu’interviennent les box TV.
Ce petit boîtier se relie à la télévision via un câble HDMI et se connecte à internet (en filaire ou en Wi-Fi) afin de proposer un accès à Netflix, mais aussi à de nombreux services de location de films et séries (VOD), à des plateformes de partage de vidéo (YouTube en tête), à des chaînes en tout genre (météo, cuisine, etc.), et aux services de streaming de musique (Spotify en tête). Carton assuré outre-Atlantique où le marché des box représente désormais un marché 15,3 milliards de dollars, tandis que 86 millions de ces boîtiers devraient encore s’y vendre d’ici 2019.
Après avoir conquis les Etats-Unis, ces box TV s’attaquent à la France. Apple, Google, Roku, Nvidia… de nombreux acteurs américains lance leurs boîtiers d’ici la fin de l’année dans l’Hexagone, espérant renouveler les succès américains.
Les Français sont mûrs”, assure Lloyd Klarke, directeur produit chez Roku, numéro un des box TV aux Etats-Unis et qui lance ses boîtiers en France, ce mardi 20 octobre. “Depuisl’arrivée de Netflix, les Français sont désormais ouverts aux bénéfices du streaming et de la VOD.”
Se distinguer des opérateurs
Pourquoi opter pour une box TV quand l’opérateur internet en fournit déjà une ? Telle va être la question à laquelle les Américains devront répondre pour convaincre de l’intérêt de leur offre.
Tous les fournisseurs d’accès proposent déjà leur propre box à glisser sous le téléviseur pour accéder à la télévision en direct (jusqu’à 400 chaînes chez Orange et chez SFR-Numericable), de la VOD et du replay à gogo (de Canal+ à l’offre DisneyTek chez Free), en passant par des applis spécifiques (de Netflix à Spotify chez Bouygues Telecom). Sauf que celles-ci affichent une puissante assez limitée, un catalogue de VOD relativement faible, et peu d’applications.
Ces box ne sont pas assez puissantes”, estime Stéphane Quentin, responsable de la communication de Nvidia pour la France, et qui vient de lancer sa box haut de gamme SHIELD. “Elles ne permettent pas de regarder des programmes en 4K ou d’accéder à de nombreuses applications.”
Les boîtiers de Roku offrent davantage de choix et de contrôle dans leur expérience télévisuelle”, renchérit Clive Hudson, vice-président Europe de Roku. “Avec ce boîtier, vous accédez aux films, émissions télé, dessins animés, émissions culinaires et mêmes à des vidéos d’apprentissage du yoga. Chacun y trouve son bonheur, d’autant qu’au-delà du contenu payant, beaucoup de nos chaînes sont totalement gratuites.”
Aux côtés de Roku et Nvidia, il faut aussi compter sur les géants Apple et Google. Le premier doit lancer le mois prochain sa nouvelle Apple TV qui intègre les dernières innovations du groupe, comme la possibilité d’écouter de la musique en streaming ou de visionner les photos de l’iPhone stockées dans le cloud. Le géant du net améliore lui aussi son offre, avec la clé Chromecast, qui permet de profiter de l’ensemble des contenus de son smartphone sur son téléviseur.
La guerre des box TV
La différence notée avec les (ringardes) box des opérateurs, reste alors à se décider entre les différents boîtiers. “Assurément, on va vers une guerre des box TV”, commente Stéphane Quentin de Nvidia.
Sa box SHIELD se positionne ainsi comme la plus haut de gamme. Vendue 199 euros, l’élégant boîtier affiche une puissance incroyable – “Elle est quatre fois plus puissante que la nouvelle Apple TV”, promet-on en interne. Si puissante qu’on navigue dans l’environnement Android TV avec une fluidité inégalée (la BBox Miami fait alors vraiment pâle figure), pour afficher des vidéos en 4K en quelques secondes. Aussi bien Netflix que des programmes téléchargés permettent de profiter de l’ultra-haute définition sur son téléviseur.
Mieux, la société Nvidia n’a pas oublié qu’elle vient du jeu vidéo. La SHIELD propose, via une manette fournie, de jouer aux mini-jeux vidéo Android TV (plus de 400 disponibles), à des jeux spécifiquement adaptés pour la box (comme “Doom 3” ou “Half-Life 2”), ou encore à un service de streaming de jeux vidéo, intitulé GeForce Now.
Concrètement, le boîtier permet de jouer à distance sur des ordinateurs ultra-puissants (on parle de “cloud gaming”) à un catalogue de 50 à 60 titres vieux d’un à deux ans. Comme pour Netflix ou Spotify, l’avantage est de pouvoir accéder contre 9,99 euros mensuels (après trois mois gratuits) en illimité aux jeux, et sans aucun temps de latence. Néanmoins, cette technologie se limite aux seuls possesseurs d’une connexion internet en fibre.
Il faut 213 minutes en moyenne pour télécharger le dernier jeu ‘Batman'”, pointe Stéphane Quentin. “Avec le cloud gaming, on y accède en 30 secondes. Et l’image est aussi belle que sur un PC !”
La SHIELD se positionne en rivale direct de la nouvelle Apple TV. Vendue 149 dollars à partir de novembre, le boîtier noir de la pomme croquée se veut également mi-box mi-console de jeux.
Il n’est pas encore clair s’il permettra d’afficher des programmes en 4K, mais il est certain qu’Apple promet un concentré de technologies et une grande fluidité dans la navigation entre les applis. Des jeux vidéo seront également proposés. Rien à voir avec la qualité des consoles PS4 ou Xbox One, mais des titres plus occasionnels, dans la veine de la Wii de Nintendo.