En Côte d’Ivoire, la classe moyenne qui représente plus du quart de la population du pays n’est pas suffisamment forte pour booster la croissance économique par la consommation. Avec une augmentation annuelle de quelque 9%, la classe moyenne est aujourd’hui loin d’atteindre ses « performances » des « 20 glorieuses » du « miracle ivoirien ».
La Côte d’Ivoire ne peut désormais compter sur sa classe moyenne pour stimuler son économie. C’est ce que révèle un rapport présenté ce jeudi 14 décembre à Abidjan sous le titre Le réveil des classes moyennes ivoiriennes ?, réalisé par l’Ecole nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée d’Abidjan (ENSEA) pour le compte de l’Agence française de développement.
«La classe moyenne n’est pas suffisamment forte pour impulser de la croissance en termes de consommation», a déclaré Hugues Kouadio, directeur de l’Ensea et coauteur du rapport, en expliquant que «la question de la redistribution de la croissance est une vraie problématique en Côte d’Ivoire».
Selon l’expert ivoirien, alors que le pays a pour ambition d’atteindre l’émergence d’ici à 2020, sa classe moyenne est encore trop faible par rapport à celles des autres pays dits «émergents», comme le Brésil et le Vietnam où la classe moyenne atteindrait respectivement 61% et 75% de la l’ensemble de la population.
Le rapport précise qu’en Côte d’Ivoire, 26,4% des 23 millions d’habitants (dont 5 millions environ d’étrangers), appartiennent à la classe moyenne. En termes de méthodologie, les auteurs de l’étude ont inclus dans la catégorie de «classe moyenne» les personnes ayant un revenu de plus de quatre dollars par jour, tout en excluant les 5% les plus riches de la population, ce qui en fait une catégorie «très hétérogène».
Des taux bien loin des « 20 glorieuses»
Pourtant, la classe moyenne ivoirienne a fortement augmenté ces dernières années, selon l’ENSEA. «La classe moyenne ivoirienne a augmenté ces six dernières années, grâce à la forte croissance économique, de 8% à 9% par an, mais elle reste inférieure à ce qu’elle était dans les «20 glorieuses», les années 1960 et 1970, dites du «miracle ivoirien»», a avancé Hugues Kouadio.
La pauvreté qui prévalait durant cette période, comme l’explique l’expert ivoirien, était d’un taux de 10% alors qu’aujourd’hui elle a grimpé à 47%, accentuée par 30 ans de crises économiques et politiques survenues entre les années 1980 et 2000. «Il y a une classe moyenne en train de se constituer, avec des besoins en matière de santé, d’éducation, de logement, de transport, et de bien-être », mais qui reste «très hétérogène», estime le co-auteur du rapport sur la classe moyenne.
En effet, par exemple, le bas du tableau dans la classe moyenne est constitué par les agriculteurs, les commerçants du secteur informel, les petits retraités. Ceux-ci représentent 79% de la classe moyenne et restent «vulnérables». Et en cas de «coup dur», la population active dans ces secteurs pourrait facilement retomber dans la pauvreté.
Avec latribuneafrique