C’est une lapalissade que d’affirmer que la vie est chère pour l’écrasante majorité des Burkinabè. Dans l’impossibilité d’obtenir des prêts auprès des institutions financières classiques, certains citoyens de toutes les couches sociales (fonctionnaires, travailleurs du privé, particuliers,…) s’orientent en désespoir de cause vers les usuriers. C’est alors que commence bien souvent leur descente aux enfers vu les nombreux obstacles auxquels ils devront faire face.
Le mode opératoire est très précis. Les usuriers se frottent les mains lorsqu’un client est en détresse et qu’il n’a plus la moindre voie de recours. Ils sont organisés de sorte à disposer toujours de liquidité pour dépanner ceux qui sont dans l’urgence. Les usuriers travaillent avec des intermédiaires. Dès qu’un client se présente, ils lui exposent leurs conditions avant d’établir une reconnaissance de dette avec une majoration sur la somme prêtée. Pour entrer en possession des fonds, le client doit hypothéquer un bien d’une valeur égale au montant souhaité et s’engager clairement à rembourser l’argent perçu dans des délais précis. Le remboursement se fait en général avec des intérêts avoisinant les 30%. A ce pourcentage, il faut ajouter une commission de 5 à 10% à reverser aux intermédiaires. Pour les clients indélicats qui ne respectent pas leur engagement le taux d’intérêt peut doubler.
Ils peuvent aussi se voir déposséder de leurs biens s’ils n’arrivent pas à rembourser le prêt. Mais pour éviter toute embrouille avec leurs clients, les usuriers refusent de prendre en gage du matériel électronique ou fabriqué avec des pierres précieuses (or, dimant,…). Ils sont surtout intéressés par les motos, les titres fonciers, les voitures,… dont ils examinent l’état et la valeur avant tout éventuel prêt.
De nombreux burkinabè vivent de cette activité. Certains se retrouvent au marché de Gounghin, en face de la SOBCA, aux abords du ciné Burkina,… où les affaires sont parfois florissantes selon certains témoignages. Mais la plupart des gens qui ont eu affaire aux usuriers en gardent une amère expérience.
« C’est de l’arnaque et du vol tout simplement. Il suffit de quelques jours de retard pour qu’ils doublent le taux d’intérêt. J’ai dû emprunter ailleurs et vendre même ma moto afin de pouvoir rembourser un premier prêt. C’est un marché noir sans foi ni loi ». C’est ainsi qu’Assetou raconte sa mésaventure. Bien que l’activité soit interdite, elle a encore de beaux jours devant au regard de la pauvrété ambiante dans laquelle de nombreux burkinabè baignent.
Avec ecodufaso