Le gouvernement sud-africain déjà mis à mal par la crise économique, la lutte pour la succession de Jacob Zuma ou encore la succession de scandales de corruption et de trafic d’influence doit maintenant faire face à la défiance de ses contribuables. Le fisc vient d’annoncer une baisse de la collecte d’impôts sur le revenu des particuliers pour 2017, alors que le pays tente de résorber le plus important déficit budgétaire depuis la récession de 2009.
Le service des revenus sud-africain (SARS, l’administration fiscale) craint une baisse des rentrées fiscales. L’agence explique son inquiétude par le refus croissant des contribuables de s’acquitter de leurs impôts. Ce mouvement de boycott fiscal souligne selon le SARS le mécontentement croissant des sud-africain vis-à-vis du gouvernement.
Pire collecte fiscale depuis 2009
Les statistiques fiscales pour 2017 viennent conforter ce scénario, le SRAS indique que sur les 6,4 millions de personnes qui devaient présenter des déclarations de revenus, seuls 4,8 millions s’étaient exécutés, ce qui s’est traduit par un taux de réalisation de 75%. D’ailleurs, l’impôt sur le revenu des particuliers représente une part non négligeable des recettes publiques, soit 37,2% du total des recettes équivalent à 33,1 milliards de dollars (452,9 milliards de rands).
Ces chiffres confirment les propos alarmistes de Malusi Gigaba, ministre des Finances prononcés en octobre dernier, déclarant que les recettes fiscales pour l’exercice 2017/2018 avaient sous performés à 3,74 milliards de dollars (50,8 milliards de rands), ce qui représente la plus faible rentrée fiscale depuis la récession de 2009. Le même mois, l’ombudsman de la fiscalité a été le premier à exprimer ses préoccupations quant à l’incidence de l’instabilité politique et de la hausse des plaintes à l’encontre du SARS sur la perception de taxes.
Défiance des contribuables
La recrudescence d’allégations de corruption au sein de l’exécutif et de trafic d’influence par la famille Gupta étroitement lié aux proches de Jacob Zuma aura fini par entamer la confiance des contribuables sud-africains. Une confiance déjà mise à mal par les dérives de gestion d’une partie de l’establishment issu de l’ANC qui se sont coupés peu à peu de leurs bases et de leurs préoccupations.
Pour le cabinet d’investissement sud-africain, Bravura, cette défiance des contribuables serait le résultat de la multiplication d’affaires de corruption, du gaspillage des fonds publics ou encore de l’inefficacité des autorités en terme de prestation des services. Un cocktail qui aurait selon les analystes de Bravura « clairement affecté » la volonté des sud-africains à s’acquitter de leurs impôts.
La chute des revenus publiques risque par ailleurs d’aggraver la notation de la dette sud-africaine qui a déjà été classé « Junk » par S&P Global Ratings en novembre dernier. L’incertitude politique qui résulte de lutte qui déchire l’ANC pour la succession de Jacob Zuma représente aussi une menace majeure pour la réforme économique promise par l’exécutif comme pour les notations de crédit du pays. L’African National Congress élira pour rappel un nouveau chef de parti le 16 décembre prochain.
Avec latribuneafrique