La compagnie aérienne Air France relancera au printemps une liaison directe entre Paris et Taipei, après 22 ans d’absence, et s’installe dès aujourd’hui dans le nouvel aéroport de Dakar-Blaise Diagne. En interne, le DG Franck Terner explique que si les salaires des pilotessont gelés depuis 2011, leur revenu moyen a progressé de 12% en cinq ans.
A partir du 16 avril 2018, la compagnie nationale française proposera trois vols par semaine entre sa base à Paris-CDG et l’aéroport de Taipei-Taoyuan, opérés en Boeing 777-200ER pouvant accueillir 40 passagers en classe Affaires, 24 en Premium et 216 en Economie. Les départs sont programmés lundi, jeudi et samedi à 13h35 pour arriver le lendemain à 8h15, les vols retour quittant Taïwan mardi, vendredi et dimanche à 10h25 pour se poser à 18h20.
Air France sera en concurrence avec EVA Air sur cette route, abandonnée en 1995 et qui sera complémentaire à celle de sa compagnie-sœur KLM Royal Dutch Airlines, proposant un vol quotidien entre Amsterdam et Taipei. Leur partenaire taïwanaise de l’alliance SkyTeam, China Airlines, annonçait la semaine dernière la mise en place d’un accord de partage de codes avec Air France dès le printemps ; elle ne dessert pas Paris, mais se pose à Londres, Francfort, Amsterdam, Rome et Vienne. Son président Ho Nuan-hsuan a rappelé que l’accord aérien entre la France et Taïwan ne permet qu’un seul opérateur de chaque pays entre leurs capitales respectives, ajoutant qu’il menait campagne pour faire évoluer les choses.
Au Sénégal, Air France déménage vers le nouvel aéroport de Dakar-Blaise Diagne AIBD (DSS) dès ce jeudi, jour de son inauguration officielle ; tous les vols de/vers l’aéroport Léolpold Sédar Senghor y sont transférés, avec des numéros de vol inchangés. La compagnie souligne dans un communiqué que l’AIBD, situé à Diass à 50 km du centre-ville de Dakar, offrira à ses clients « l’accès au salon, un parcours SkyTeam dédié à l’enregistrement et à l’embarquement ainsi qu’un espace boutique et restauration ». Les clients seront tenus informés individuellement par la compagnie du changement d’aéroport, le changement de réservation de DKR à DSS étant automatique ; Air France mettra également à jour les billets ainsi que les demandes spéciales et options payantes.
Le nouvel aéroport est selon Air France « une première étape vers la transformation de Dakar en hub régional de l’aviation civile, où 5 millions de passagers annuels sont escomptés dans 5 ans et 10 millions en 2035 ». On notera qu’Air Sénégal ne débutera pas ses opérations comme prévu ce jeudi, même si ses ATR 72-600devraient prendre part au défilé aérien. La nouvelle plateforme est dotée d’une capacité de 5 millions de voyageurs par an (3 millions pour la première année) pour le terminal passagers et de 50.000 tonnes pour le terminal fret ; elle dispose d’un centre d’entretien et de maintenance.
En France, les syndicats de pilotes SNPL et SPAFréclament régulièrement des augmentations de salaires, qui sont gelés depuis 2011 (comme chez les PNC ou au sol). La Tribune s’est procuré un courrier du directeur général d’Air France Franck Terner dans lequel il explique que malgré le gel des grilles, la rémunération de 90% des pilotes a progressé en raison de l’ancienneté, du passage de copilote à commandant de bord… Entre 2012 et 2017, le salaire annuel moyen des pilotes a grimpé de 12%, à 201.000 euros. « L’évolution de la rémunération moyenne des pilotes présents a été de +9,1%, hors effet des cadences », précise le dirigeant, selon qui hors effet nouveaux entrants « le salaire moyen sur la période a même augmenté de +18% », alors que l’inflation officielle n’était que de +2,5%. Et il précise que le montant moyen d’intéressement au titre de 2017 que vont toucher les pilotes « sera près du triple de celui au titre de 2016 et dépassera 8000€, l’équivalent de 4% du salaire moyen » – sans oublier la croissance envisagée qui devrait déboucher ces prochaines années sur 900 qualifications de type par an « favorable à la rémunération des pilotes ».
« Si les grilles ne progressent pas, le métier se dévalorise », explique un pilote interrogé par La Tribune. Et l’évocation par Franck Terner de négociations plus larges avec les syndicats de pilotes, « incluant, dans un gagnant-gagnant, des évolutions de rémunération avec des changements de système de rémunération, des mesures de productivité et d’efficacité ou de périmètre », risque de faire remonter la tension. Pour un autre pilote, « toucher à la structure de la rémunération, c’est toucher au contrat (…), c’est une quasi-déclaration de guerre ». Revenant sur le cas de Lufthansa, citée par les syndicats comme par le DG, où les salaires ont grimpé mais la croissance ne passe quasiment que par la filiale low cost Eurowings, un troisième conclut que ses collègues de la compagnie nationale allemande « ont gagné la bataille de la rémunération, mais pas celle du périmètre. Nous avons gagné celle du périmètre, et pas celle de la rémunération »…
Avec airjournal