Les pilotes allemands ont refusé depuis le début de l’année d’effectuer plus de 200 vols ramenant des réfugiés vers l’Afghanistan, alors que le pays continue de lutter contre les migrations massives déclenchées par les conflits au Moyen-Orient.
Selon la Deutsche Welle, ce sont 222 vols prévus au départ des aéroports allemands et transportant des demandeurs d’asile afghans qui ont été stoppés depuis le début de l’année par des pilotes, qui citaient en majorité des risques pour la sécurité à bord de l’avion. La compagnie aérienne la plus touchée est sans surprise Lufthansa avec 85 décollages annulés, y compris ceux de sa filiale low cost Eurowings, et l’aéroport de Francfort représente à lui seul environ 140 vols stoppés. Une quarantaine d’annulations ont également eu lieu au départ de l’aéroport de Düsseldorf, où des militants des droits de l’homme ont organisé la manifestation #WelcomeUnited contre l’expulsion des demandeurs d’asile.
Interrogé par WAZ, un porte-parole de la compagnie nationale allemande rappelle que la décision de ne pas transporter un passager « est prise en dernier ressort par le pilote au cas par cas, s’il a l’impression que la sécurité du vol pourrait être affectée », et que si le personnel de sécurité des aéroports « dispose à l’avance d’une sorte d’information indiquant qu’une situation pourrait s’aggraver lors d’une expulsion, il peut décider à l’avance de ne pas laisser embarquer les passagers ».
L’Allemagne a traité depuis le début de l’année plus de demandes d’asile – 388.201 – que tous les autres pays de l’Union européenne réunis selon le bureau allemand de l’immigration. Environ 210.000 de ces demandes ont été rejetées, mais elles sont généralement acceptées en appel. Les poursuites ont coûté au pays environ 19 millions d’euros pendant les onze premiers mois de l’année, 7,8 millions de plus que l’année dernière ; l’augmentation a poussé le gouvernement à offrir une prime de retour de 3000 euros aux volontaires au rapatriement.
L’UE a signé l’année dernière un accord avec le gouvernement de Kaboul pour commencer à renvoyer les demandeurs d’asile dans des « zones de sécurité » en Afghanistan, au grand dam des organisations de défense des droits de l’homme : Amnesty International estime que près de 10.000 Afghans risquent la torture, les enlèvements et la mort dans leur pays d’origine.
Avec airjournal