Dans moins d’une semaine, nous saurons qui dirigera notre pays pour les cinq prochaines années. Les différents candidats n’ont plus que cinq jours pour nous convaincre de porter notre choix sur eux et leur confier notre destin.
À la vérité, à voir la timidité de la campagne de certains candidats, on peut douter de leur réelle volonté de briguer nos suffrages. À moins qu’ils n’aient d’autres stratégies qui nous sont inconnues. Mais nous ne devrions pas être surpris si nous enregistrions de nouvelles défections parmi les candidats. Assez curieusement, ce sont ces candidats discrets qui parlent de fraude, depuis le début du processus. Les auditeurs de Radio France internationale (Rfi) ont pu les écouter, dimanche matin, dans l’émission d’Alain Foka, « Le débat africain ».
On peut parier que certains d’entre eux ne reconnaîtront pas le résultat du scrutin. D’autres demanderont peut-être aux Ivoiriens de prendre la rue ou d’utiliser différents moyens non démocratiques pour leur « rendre justice ». Espérons qu’à ce moment-là, les Ivoiriens se souviendront de la non-campagne de ces candidats et de ce qui s’est passé après l’élection présidentielle de 2010. On avait compté trois mille morts. Les Ivoiriens se souviendront aussi certainement de la sagesse des candidats malheureux de l’élection présidentielle guinéenne qui, bien que convaincus d’avoir été victimes de fraudes, ont demandé aux populations de rester calmes. Quoi qu’il en soit, les Ivoiriens ne sont pas dupes et surtout, ne sont plus prêts à se laisser entraîner dans des aventures suicidaires.
Souhaitons aussi qu’à l’occasion de cette élection, naissent des femmes et hommes politiques ivoiriens nouveaux, c’est-à-dire des candidats fair-play qui savent reconnaître leur défaite et ne cherchent pas à conduire leur pays dans le chaos pour assouvir leur ego. Que naissent aussi des militants nouveaux qui ne se laissent plus conduire par le bout du nez par de mauvais perdants. Les téléspectateurs ont pu suivre certains candidats face à des journalistes et leurs potentiels électeurs. Chacun s’est défendu comme il l’a pu et a tenté de séduire les Ivoiriens. Tous les candidats devraient y passer et l’on saura, dimanche prochain, qui aura été le plus convaincant. En attendant ce dimanche 25 octobre, jour du vote, le délai pour retirer les cartes d’électeur a été prolongé de quelques jours.
Pourquoi ne pas le prolonger tout simplement jusqu’au jour du vote ? Qu’est-ce qui s’y oppose ? Ou est-ce une façon de mettre la pression sur les Ivoiriens qui ont la fâcheuse tendance d’attendre toujours le dernier jour pour faire ce qu’ils ont à faire ? En tout état de cause, les citoyens qui ne l’ont pas encore fait devraient mettre à profit ces jours supplémentaires pour retirer leurs cartes d’électeur qui sont les instruments leur donnant la possibilité d’accomplir leur devoir civique et d’exercer leur part de souveraineté. Mamadou Koulibaly, qui était candidat et s’est retiré de la course, annonce qu’il fait campagne pour le boycott du scrutin. On peut se demander ce qui a changé dans les conditions d’organisation de la présidentielle entre le moment où il a annoncé sa candidature et celui où il s’est retiré.
Le boycott du scrutin est aussi ce que veulent les extrémistes du Front populaire ivoirien (Fpi) dont la seule ambition, comme l’a révélé Affi N’Guessan, le candidat de ce parti lors de son passage à l’émission télévisée « Face aux électeurs », est d’empêcher à tout prix le Président de la République de gouverner. Espérons que Mamadou Koulibaly et ses amis ne s’en tiendront qu’à leur appel au boycott et que le 25 octobre, ils ne tenteront pas d’empêcher des citoyens qui ne partagent pas leurs points de vue d’exercer leur devoir civique.
Avec FratMat