Inlassablement, la presse guinéenne, de façon lancinante, continue d’égrener les résultats provisoires communiqués par la commission électorale et de relayer les appels au calme de circonstance, se gardant de tirer des conclusions globales.
A l’exception, ce matin, du journal en ligne Le Djely.com. Prenant en compte les résultats du dépouillement de près des trois quarts des suffrages exprimés et du fait que le président sortant Alpha Condé est donné largement en tête devant Celou Dallein Diallo, le confrère guinéen estime que, sous réserve dutraitement du contentieux par la Cour constitutionnelle,« on peut désormais s’autoriser un certain nombre de conclusions », énonce-t-il. A commencer par le fait que le chef de l’Etat sortant, Alpha Condé, « se fait réélire dès le premier tour. Le slogan du coup “Un coup KO” est donc devenu une “quasi-réalité”,résume à sa manière Le Djély. Et le site guinéen d’informations en ligne de constater que, de toute évidence, le président Alpha Condé est parti pour conforter son score d’il y a cinq ans ».
Vers une victoire d’Alpha Condé ? Peut-être bien, admet Fasozine, au Burkina-Faso, mais une victoire « à problèmes ».
Tandis que son confrère L’Observateur Paalga anticipe un « week-end sous haute tension » en Guinée.
Au Bénin, La Nouvelle Tribune n’écrit pas autre chose. Avec les contestations du scrutin, la Guinée est « menacée par une crise post-électorale sans précédent », prévient le confrère à Cotonou.
Congo : la menace
Incident à l’ambassade du Congo-Brazzaville hier à Paris. Des Congolais de la diaspora y ont fait irruption pour dénoncer le projet de révision de la Constitution congolaise par référendum dans neuf jours. Ces opposants ont été délogés sur « réquisition écrite de l’ambassadeur » du Congo. La police a placé huit personnes en garde à vue.
A Brazzaville, la réaction est vive ce matin. Et via le journal Les Dépêches de Brazzaville, les autorités congolaises dénoncent l’attitude de la France. « En laissant des voyous s’en prendre à l’ambassade et des juristes proches de l’Elysée attaquer la famille présidentielle de façon aussi absurde que déplacée, les autorités françaises prennent le risque d’une cassure qui risque de coûter cher à leur pays », bucheronne le journal congolais.
Qui met en garde : « les attaques aussi absurdes qu’inadmissibles conduites aujourd’hui à Paris contre nous ne peuvent que provoquer une crise entre les deux pays ».
Et qui menace : « Ou bien les autorités françaises mettent un terme aux agressions de toute nature qui sont commises sur leur territoire contre le Congo et tout rentrera dans l’ordre. Ou bien elles s’enferment dans l’attitude hypocrite qui est aujourd’hui la leur et elles ne pourront plus compter sur l’aide de notre pays dans les dossiers délicats que la France doit gérer en Afrique et ailleurs », prévient Les Dépêches de Brazzaville.
Congo : le peuple au pied du mur
Mais au-delà de cet incident, c’est bien sûr le référendum du 25 octobre prochain qui continue de provoquer cette contestation. Un des opposants placés en garde à vue a en effet déclaré à l’Agence France presse que « le peuple congolais de la diaspora s’est levé pour dire non à ce référendum » qui permettrait au président Denis Sassou-Nguesso de briguer un nouveau mandat.
Au Burkina Faso, le journal Le Pays dénonce les « satrapes » en Afrique qui « brandissent toujours le mot “peuple” pour mieux l’asservir », car le « peuple » en question est traité par ces dirigeants comme du « bétail électoral ». C’est ainsi, soupire le quotidien ouagalais, « pour un bol de riz, bien des crève-la-faim sont prêts à glisser un bulletin dans l’urne pour permettre à n’importe quel dictateur d’assouvir sa boulimie du pouvoir ».
Aussi, Le Pays place-t-il les Congolais devant leur responsabilité en les appelants à « la résistance citoyenne dans la rue ». Invitant les Congolais à ne « jamais plier l’échine devant l’arbitraire », le confrère, à propos du « référendum à venir au pays de Sassou-Nguesso », pose la question de savoir si « le peuple congolais va accepter de vivre couché ou debout. Vivre couché reviendrait à permettre que le référendum ait lieu, énonce Le Pays. Car l’on peut aisément imaginer les résultats qui en sortiront. Accepter de vivre debout consisterait à tout mettre en œuvre, comme l’ont si bien fait les Burkinabè, pour contraindre le dictateur à renoncer à son passage en force ».
Avec RFI