La concentration du sperme subit une baisse continue. Le nombre des spermatozoïdes d’un homme de 35 ans est passé de 73,6 millions de spermatozoïdes par ml de sperme en 1989 à 49,9 M/ml en 2005.
Le déclin de la qualité du sperme, avec une baisse de près d’un tiers de la concentration en spermatozoïdes déjà constatée en France métropolitaine, est une tendance qui n’épargne pratiquement aucune région mais touche plus particulièrement l’Aquitaine et Midi-Pyrénées, des régions viticoles.
Le Dr Joëlle Le Moal de l’Institut de veille sanitaire (InVS) et ses collègues, qui avaient décrit ce phénomène dans une vaste étude réalisée sur plus de 26.600 hommes en 2012, affinent leur travail. Ils livrent à présent une analyse au niveau régional, qui vient de paraître dans la revue internationale Reproduction.
La concentration du sperme a subi une baisse continue, de l’ordre de 1,9% par an pour atteindre en seize ans environ un tiers, selon la précédente étude portant sur 1989-2005. Le nombre des spermatozoïdes d’un homme de 35 ans est passé de 73,6 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme en 1989 à 49,9 M/ml en moyenne en 2005. Les concentrations spermatiques restent en moyenne dans la norme fertile de l’OMS (supérieure à 15 millions/ml), relève toutefois le Dr Le Moal.
Pour la nouvelle étude, assortie de cartes, les auteurs ont repris le même échantillon d’hommes, pour comparer l’évolution des tendances dans 21 régions.
Perturbateurs endocriniens
L’étude régionale confirme que le déclin de la qualité du sperme “n’épargne pratiquement aucune région”, dit à le Dr Le Moal. L’Aquitaine et Midi-Pyrénées, les plus touchées, ne font pas partie de celles où la consommation de tabac et d’alcool sont les plus élevées. Elles n’ont pas non plus de fort taux d’excès de poids qui pourraient être mis en cause.
En revanche, ce sont des régions fortement agricoles, ajoute l’épidémiologiste: Aquitaine (viticole), Midi-Pyrénées (viticole et arbres fruitiers).
Les activités viticoles sont celles où l’on utilise le plus de pesticides proportionnellement à la surface”, dit-elle.
Elle évoque “une exposition globale ubiquitaire de l’ensemble de la population depuis les années 50” aux perturbateurs endocriniens, notamment certains pesticides. D’où l’hypothèse du rôle de facteurs environnementaux (pesticides, autres produits…) susceptibles de perturber le fonctionnement hormonal, soulevée par les auteurs.
MAXWELL / Source : l’obs