«Il ne se passe pas un jour sans que le bétail ne soit volé dans la région de l’Adamaoua». Ce constat est de Moussa Yaya, le délégué régional de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales pour l’Adamaoua, région septentrionale du Cameroun qui fait figure de terreau de l’élevage dans le pays.
Dans une interview accordée au trihebdomadaire régional l’œil du Sahel, ce responsable du ministère de l’Elevage soutient que la recrudescence des prises d’otages assorties de demandes de rançons, qui visent particulièrement les éleveurs dans cette partie du pays, ont pratiquement lessivé le secteur de l’élevage.
«Le départ massif des éleveurs du département de la Vina (Lougga, Horé Djagol…) pour le Mayo-Banyo et le Mayo-Rey, dans la région du Nord, où les prises d’otages sont minimes et les rançons moindres, est très fréquent. La démobilisation des éleveurs et leur exode massif vers les villes, suite à l’insécurité, ont favorisé également le vol de bétail. Car, ce bétail est abandonné à lui-même», relate le responsable.
Cette situation a pour conséquence, souligne Moussa Yaya, la chute drastique des prix des bœufs sur le marché. «Les bovins ont perdu environ 40% de leur valeur économique. Actuellement, dans les marchés, l’offre est supérieure à la demande. Ceci s’explique par les faits suivants : l’envahissement des marchés à bétail par les bovins centrafricains, ceux venus des régions de l’Extrême-Nord et du Nord ; la vente par dizaines des animaux dans les marchés à bétail pour le paiement des rançons demandées par les ravisseurs…», confie le délégué régional de l’Elevage pour l’Adamaoua.
Pour rappel, le même phénomène est observé dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Cette fois-ci, ce sont les incursions ponctuées d’exactions de la secte islamiste nigériane Boko Haram, qui causent d’importants manques à gagner au secteur de l’élevage. Selon une évaluation du gouvernement, entre 2012 et 2016, cette secte a fait perdre près de 90 milliards de francs Cfa aux secteurs de l’élevage et de la pêche.
Avec investiraucameroun