Dans un entretien à abidjan.net, le Directeur général Afrique de l’Ouest de l’Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA) définit la vision de l’organisation qu’il dirige et présente des solutions pour la transformation structurelle de l’agriculture sur le Continent et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest.
Qu’est ce que c’est que l’AGRA et quelle est sa mission ?
AGRA est une organisation internationale, qui a été créée exactement il y’a 10 ans par le Secrétaire Général des Nations Unies de l’époque, Koffi Anan pour accélérer la transformation de l’agriculture en Afrique sous le vocable de révolution verte. L’Afrique malgré toutes nos potentialités en terme de ressources naturelles et de ressources humaines, notre agriculture est encore sous performante en terme de niveau de rendement, en terme de niveau de transformation des produits agricoles mais aussi de taux d’utilisation de la main d’œuvre en particulier des jeunes et des femmes. Ce qui fait que c’est le secteur aujourd’hui qui a le plus de chance de tirer la croissance dans nos pays, C’est pourquoi AGRA met l’accent sur la transformation structurelle de l’agriculture africaine.
Quelle est la situation de l’Agriculture en Afrique de manière générale et plus spécifiquement en Afrique de l’Ouest ?
Il y’a 2 tableaux qu’on peut dresser. Le 1er tableau, c’est qu’il y’a des opportunités colossales. L’exemple de la Côte d’Ivoire, c’est le miracle ivoirien dont on a parlé dans les années 60-70 qui était basé sur la valorisation du potentiel agricole. Aujourd’hui nous voyons les signes de cette réussite à travers ce qui a été fait au niveau du coton et du cacao. Malgré cela, on n’a pas encore vraiment développé de manière structurelle l’agriculture du point de vue du potentiel de rendement qui peut être obtenu. 2e élément, c’est que l’agriculture a le potentiel de création de richesse. Si nous transformons plutôt que de vendre des produits bruts, c’est autant de richesse qui est gardée localement, c’est aussi autant de possibilité d’emplois pour les jeunes. Cela implique qu’il y’ait des politiques agricoles cohérentes et attractives qui permettent aux investisseurs locaux et internationaux de s’intégrer dans l’agriculture en vue de la transformer. On ne peut pas réaliser des productions à échelle si on ne mobilise pas des investisseurs locaux et internationaux pour pouvoir porter le résultat à l’échelle, mais aussi le faire de manière beaucoup plus durable. C’est en cela qu’on parle de partenariat public-privé. Il y’en a même qui inclue partenariat producteurs-public-privé pour montrer qu’il s’agit de créer une chaine de valeur inclusive qui permet aux producteurs de gagner dans le schéma gagnant-gagnant.
Quel sens AGRA donne-t-elle à sa présence au SARA 2017 ?
Le SARA est probablement l’un des évènements phares de l’espace agricole du continent. Certes, c’est la 4e édition, mais d’année en année on a vu une amélioration du point de vue de l’organisation mais aussi de la participation. Le contenu scientifique du SARA est extrêmement robuste. Il y’a beaucoup d’opportunités d’échanges, de rencontres etc…. AGRA a une vocation de nouer des partenariats avec les Etats africains pour que conformément aux engagements pris a Maputo puis à Malabo, on puisse faire de l’agriculture le moteur de la croissance du développement dans nos pays. Nous avons travaillé depuis une dizaine d’année dans à peu près 18 pays africains. Notre vocation c’est apporter un appui et un accompagnement à la fois au secteur public et au secteur privé pour réaliser les potentialités de l’agriculture sur la base des acquis de la recherche mais aussi en tenant compte des demandes du marché.
Notre présence ici se justifie par le fait que c’est une opportunité de nouer des partenariats à la fois avec le secteur privé, le secteur public et avec les producteurs pour faire connaître la vision et le plan de AGRA. Pour le moment nous sommes dans 11 pays, pour les 5 prochaines années, nous avons décidé de mettre l’accent sur 11 pays dont 4 en Afrique de l’Ouest, Le Nigeria, le Ghana, le Burkina Faso et le Mali, avec l’idée que si en 3 ou 4 ans, on peut montrer les progrès possibles, cela puisse faire tâche d’huile. On aura compris les modèles et les partenariats à mettre en œuvre pour pouvoir faire un changement d’échelle pour le reste des 15 autres pays de la CEDEAO. Des activités similaires se font en Afrique australe et en Afrique de l’Est. A terme notre vision et notre volonté c’est de booster l’agriculture et l’agrobusiness comme un des vecteurs de transformation de notre économie, de création d’emploi, mais surtout d’emploi pour les jeunes et les femmes, de création de valeur, de réduction des importations. Cette région du continent importe chaque année plus d’une cinquantaine de milliards de dollars pour du riz, alors que nous pouvons le produire localement.
L’idée c’est de créer les conditions pour qu’en améliorant la production, la productivité et la transformation, il y’ait une sorte de reconquête du marché national et régional et exporter. Inverser le flux c’est en cela que nous deviendrons émergents et capables de bâtir leur richesse sur des bases solides comme la Côte d’Ivoire l’a montré dans les années 60-70. C’est dans cette dynamique que AGRA s’évertue à nouer des partenariats avec les Etats et les autres parties comme la BAD, la Banque mondiale, la Banque islamique de Développement avec des programmes et des schémas structurants.