Les marchés des changes ont été agités cette semaine. L’euro a grimpé mercredi à son plus haut depuis plus d’un mois face au dollar, à $ 1,1860, pour redescendre jeudi suite à l’adoption par la Chambre des Représentants aux Etats-Unis d’une première version du projet de réforme fiscale de Donald Trump, ce qui a dopé Wall Street. Mais la décision du procureur spécial Robert Mueller d’adresser des citations à comparaître à des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump dans l’enquête sur les soupçons d’ingérence russe dans la campagne présidentielle, a pesé une fois encore sur le dollar.
Le recul de la devise américaine fait grimper l’or, tandis que le pétrole devrait enregistrer son premier recul hebdomadaire en six semaines, le marché s’inquiétant de l’augmentation de la production américaine.
CACAO – CAFÉ – CAOUTCHOUC – COTON – HUILE DE PALME – RIZ – SUCRE
CACAO
Après avoir atteint la semaine dernière un plus haut en 10 mois, à $ 2 226 la tonne sur le marché à terme de New York, les opérateurs ont pris leurs bénéfices, tirant les cours du cacao vers le bas. La tonne de fèves a terminé hier soir à $ 2 140 à New York et £ 1 618 à Londres, parti vendredi dernier d’une clôture à $ 2 212 et £1 642 respectivement. Sur la semaine, le cacao a perdu 3%.
Une agitation sur le marché qui provient, entre autres, de facteurs techniques, l’échéance décembre arrivant à expiration, mais aussi des fondamentaux qui ne sont pas très lisibles. D’un côté les pluies en Afrique de l’Ouest ont fait surgir des maladies sur la récolte principale mais seraient propices à la récolte intermédiaire. Mais, globalement, maintenant, tout le monde s’attend à une baisse de production en Côte d’Ivoire cette campagne.
En Côte d’Ivoire, le ministre de l’Eau et des forêts, Alain Richard Donwahi, a annoncé lundi vouloir d’ici 5 ans mettre un terme aux cultures illégales de cacao dans quelque 200 parcs nationaux et forêts protégées du pays. Un pari majeur car ceci représenterait 30 à 40% de la production nationale de fèves, mais un pari incontournable, selon le ministre, si le pays veut arrêter la déforestation rampante. Pour compenser, il faut accroître la productivité et non les superficies, a-t-il rappelé. Jeudi, le porte-parole du gouvernement Bruno Kone a annoncé qu’une opération immédiate allait être lancée dans la réserve forestière de Goin-Debe.
Toujours chez le n°1 mondial, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 283 000 t entre le 1er octobre, démarrage de la nouvelle campagne, et le 12 novembre. Ils totalisaient 311 000 t sur la même période la campagne dernière.
CAFÉ
Un Robusta fort et un Arabica plus doux. Il ne s’agit pas de la description de la tasse de café mais des prix sur les marchés à terme, même si les deux ont gagné sur la période sous revue. Le Robusta a terminé sur le marché à terme de Londres à $ 1 845 contre $ 1 816 vendredi (1,59%) tandis que l’Arabica a gagné sur la période sous revue, clôturant hier soir à $ 1,3015 la livre (lb) contre $ 1,2755 il y a une semaine.
Rien d’étonnant après deux années consécutives de déficit mondial “massif” de cette variété, créant un déficit cumulé de l’offre de 8 millions de sacs de 60 kg (Ms), selon le directeur exécutif d’Olam international (lire nos informations). Pour sa part, Volcafé, la division café de la maison de négoce ED&F Man, estime que les stocks d’Arabica au Brésil baisseront à leurs plus faibles niveaux en 5 ans, à 15 Ms, à la fin de la campagne 2017/18. La production brésilienne d’Arabica en 2017/18 est estimée à 36,7 Ms et les exportations à 27,3 Ms, contre 45,8 Ms et 29,9 Ms respectivement en 2016/17, selon Hannah Rizki qui dirige le département recherche café chez Volcafe. Durant cette campagne basse du cycle biennal du caféier, le déficit serait de 5,3 Ms, ce qui fait suite à l’excédent de 3,1 Ms la campagne dernière.
On s’attend à ce que le Vietnam sorte de belles qualités de Robusta cette année car les conditions météorologiques ont été bonnes pour le développement du caféier et, maintenant, l’ensoleillement devrait permettre aux producteurs de récolter et de sécher les grains dans de bonnes conditions, souligne le négoce. Le typhon Damrey qui a inondé certains endroits de la ceinture caféière, a eu un impact minimal sur la production 2017/18.
Cette semaine à Daklak, des producteurs offraient leur café à 38 800-39 400 dongs ($ 1,71-$ 1,73) le kilo, quasiment inchangé par rapport aux 39 000 à 39 500 dongs($ 1,73) de la semaine dernière. Certaines transactions à l’export commencent à se faire et du Grade 2, 5% grains noirs et brisures, s’est vendu avec une décote de $ 30 à $ 50 la tonne sur l’échéance janvier à Londres. La demande commence à émerger, les acheteurs voulant assurer leur approvisionnement même si les disponibilités seront au rendez-vous.
En Indonésie, le Grade 4, 80 défauts, toujours en Robusta, s’est vendu cette semaine à prime de $ 60 à 70 la tonne contre $ 50 il y a une semaine, les stocks de café étant bas.
Côté consommateurs, aux Etats-Unis, les stocks de café vert ont enregistré en octobre leur plus forte diminution en deux ans, baissant de 154 706 sacs de 60 kg pour totaliser 7,04 Ms à la fin du mois, selon les statistiques publiées mercredi par l’Association du café vert (GCA de son sigle anglais). C’est leur niveau le plus bas depuis novembre 2015. En outre, c’est le troisième mois consécutif de baisse des stocks. Mais, rappelons qu’en juillet, les stocks, de l’ordre de 7,4 Ms, étaient au plus haut en plus de 16 ans !
CAOUTCHOUC
Le marché du caoutchouc au Japon a joué au yoyo cette semaine en fonction de l’évolution du marché de Shanghai alternant hausse et mais surtout baisse en finissant la semaine sous revue en forte diminution. La semaine dernière le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) a perdu 0,6% pour clôturer vendredi à 198,6 yens ($1,75) le kilo pour le contrat d’avril, le marché de Shanghai clôturant à 13 855 yuans ($2 086) la tonne. Jeudi, le caoutchouc a clôturé sur le Tocom à un plus bas de près de 5 mois à 191,1 yens ($1,69) et à 13 270 yuans ($2000) la tonne sur le marché de Shanghai.
Des inquiétudes sur l’économie chinoise – ralentissement de la croissance de la production industrielle et des ventes au détail au mois d’octobre, accroissement des risques financiers, lutte contre l’endettement, chute brutale des prix des métaux de base- ont déclenché des ventes massives de caoutchouc sur le marché de Shanghai et de Tokyo.
En Thaïlande, la colère gronde au sein des producteurs de caoutchouc. Ils menacent de se mettre en grève et d’exprimer leur mécontentement dans la capitale si le gouvernement n’intervient pas pour freiner la chute des prix. Le prix du caoutchouc naturel en Thaïlande est tombé à 47,75 baths le kilo contre un plus haut de 179,25 baths ($5,41 en 2011. La feuille de caoutchouc USS3 a chuté 43,60 baths le kilo, soit moins de la moitié du record atteint en janvier. Un prix aujourd’hui inférieur au coût de production a affirmé le président du Natural Rubber Council, Uthai Sonlucksub.
Les stocks de caoutchouc dans les entrepôts gérés par le Shanghai Futures Exchange en Chine ont augmenté de 2,2% vendredi dernier.
Côté entreprise, le fabricant de pneumatique italien Pirelli, propriété de la China National Chemical, a adopté une politique d’approvisionnement en caoutchouc durable en douze points qui couvre l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement, des producteurs / agriculteurs, en passant par les concessionnaires, les usines de transformation, les sociétés commerciales et les fabricants. Pirelli est le deuxième des principaux fabricants mondiaux de pneumatiques à adopter une politique d’approvisionnement en matières premières durable, après Michelin en 2016. De son côté, General Motors a affiché en octobre son ambition de s’approvisionner en caoutchouc naturel durable et écologique.
La Société internationale de plantations d’hévéas (SIPH) a réalisé un chiffre d’affaires en hausse de 47% sur les neuf premiers mois de 2017 (cf. nos informations).
COTON
Les cours du coton évoluent toujours dans une fourchette étroite, marquant une quasi-stabilité sur la semaine sous-revue. Jeudi le contrat de mars a clôturé à 69,18 cents la livre, en hausse, soutenu par les ventes américaines à l’exportation.
En Inde, la Cotton Association of India (CAI) a publié sa première estimation de la campagne 2017/18, démarrée le 1er octobre, à 37,5 millions de balles de 170 kilos, en hausse par rapport à 2016/17 (33,725 millions de balles). Une hausse attribuable à une augmentation estimée à 19% des superficies. Toutefois, le CAI estime que les rendements devraient être inférieurs de 9% à ceux de l’année dernière. Quant à la consommation, elle est estimée à 32 millions de balles et les exportations à 6,3 millions de balles.
La Sofitex au Burkina Faso devrait produire 563 000 tonnes de coton en 2017/18, soit un volume en dessous de son objectif (cf. nos informations).
En Angola, la compagnie textile Lassola a commencé à exporter du fil de coton au Portugal. Un premier chargement de 156 tonnes a été réalisé en octobre. Il devrait être suivi prochainement d’un second chargement de 100 tonnes.
HUILE DE PALME
Mauvaise semaine pour l’huile de palme dont les cours ont accusé cinq séances consécutives de baisse. Et ce n’est pas la correction technique à la hausse jeudi qui devrait modifier la tendance. Les cours ont clôturé jeudi sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 2 747 ringgits ($657,65) pour le contrat de février contre 2 797 ringgits ($667,54) vendredi dernier.
Appréciation du ringgit face au dollar, faiblesse des prix du pétrole, diminution des exportations impactent négativement les cours de l’huile de palme. Sur les 15 premiers jours du mois, les exportations malaisiennes sont en retrait de 4,3% selon ITS et de 8,2% selon SGS par rapport à la même période au mois d’octobre. Le mouvement devrait se poursuivre, la demande pour l’huile de palme ralentissant généralement en hiver sur les marchés chinois et européen.
La Malaisie réduira sa taxe à l’exportation de l’huile de palme brute à 6% en décembre, contre 6,5% en novembre, a annoncé mardi une circulaire du gouvernement. Une baisse calculée par rapport à un prix de référence de l’huile de palme de 2 833,25 ringgits la tonne pour décembre.
Les importations d’huiles végétales de l’Inde ont chuté de 0,5% en octobre par rapport à l’année dernière pour atteindre 1,2 Mt. Les importations d’huile de palme brute en octobre se sont élevées à 597 217 tonnes, en baisse de 8% par rapport à septembre, tandis que les importations d’huile de soja ont atteint 220 200 tonnes, en recul de 38% par rapport à septembre, a indiqué Solvent Extractors’ Association of India (SEA).
Côté entreprise, le géant Sime Darby a vu son bénéfice net grimper de 150% au 1er trimestre 2017 (clos en septembre) par rapport à la même période en 2016 à 1,32 milliard de ringgits ($316 millions) grâce à l’augmentation de la production d’huile de palme et à la vente de certains actifs. Le chiffre d’affaires s’élève à 8,14 milliards de ringgits, contre 6,93 milliards de ringgit au 1er trimestre 2016.
En revanche, le bénéfice net de Wilmar International a chuté de 6% au troisième trimestre 2017 (cf. nos informations).
RIZ
Relative stabilité du marché du riz en Asie à l’exception de l’Inde où les prix se sont appréciés suite à une hausse de la demande.
En Inde, les prix du riz ont grimpé cette semaine, soutenus par l’amélioration de la demande de l’étranger, notamment du Bangladesh, du Sri Lanka et quelques acheteurs africains, mais les gains ont toutefois été plafonnés par les approvisionnements de la nouvelle récolte.
Le prix du riz étuvé à 5% a augmenté de $2 la tonne à $399-$402 dollars la tonne.
En Thaïlande, le Thaï 5% s’est échangé entre $380-$387 la tonne contre $375-$387 la semaine dernière. Dans l’ensemble, la demande est faible et avec l’arrivée de la nouvelle récolte, les prix pourraient baisser. Les négociants comptent sur une demande de près de 130 000 tonnes de riz de la Corée du Sud pour une livraison en décembre-mars.
Au Vietnam, le Viet 5% était inchangé à $400-$405 la tonne.
Le Bangladesh a annulé son tout premier accord avec le Cambodge visant à importer 250 000 tonnes de riz blanc en raison d’un retard dans les expéditions, ont annoncé mardi des responsables. L’accord a été signé en août à 453 dollars la tonne.
SUCRE
Les marchés, cette semaine, semblaient davantage intéressés par les facteurs techniques liés à l’expiration de l’échéance décembre, avec de petites livraisons attendues, les opérateurs se demandant de quelles origines sera le sucre livré.
Un marché du roux qui, pour la première fois en cinq mois et demi, est passé au dessus de la barre des 15 cents la livre (lb) sur le marché à terme à New York, testant les 15,20 cents pour finalement terminer au-dessus, clôturant hier soir à 15,26 cents. Une belle progression face aux 14,96 vendredi dernier. Le blanc n’est pas en reste, terminant à Londres à $ 393,90 la tonne contre $ 389,30 en fin de semaine dernière.
“Le marché du sucre semble partagé actuellement entre des fondamentaux toujours baissiers (et un groupe de producteurs pas assez couverts) et une situation technique constructive (et toujours une forte position courte de la spec)“, explique à Reuters James Liddiard du consultant Agrilion.
Un marché qui semble faire peu de cas de l’annonce par le groupe brésilien Unica d’une production de 1,883 Mt de sucre dans la région centre-sud sur la deuxième moitié d’octobre, soit moins que sur la première quinzaine de ce même mois, mais un volume supérieur à ce à quoi s’attendait le marché. Pourtant, nombre d’acteurs sur le marché s’attendent à ce que l’excédent sucrier soit moins important que prévu initialement puisque la hausse des cours du pétrole (lundi le baril était au plus haut en 2 ans) incite le Brésil à utiliser davantage de canne pour produire de l’éthanol que de sucre.
En début de semaine, la France a encore révisé à la hausse ses estimations de récolte de betterave sucrière, à 42,6 Mt. Il l’avait déjà révisé à la hausse le mois dernier, l’estimant alors à 41,9 Ms, en raison de rendements plus élevés. La récolte cette année serait supérieure de 22,8% à l’année dernière.
Côté entreprises, à Maurice, Alteo a annoncé lundi des bénéfices avant imposition en chute de 43% sur le premier trimestre de son exercice, à $ 11,99 millions, par rapport à la même période l’année dernière. Alteo est le plus important raffineur de l’Océan indien, un groupe très diversifié, présent également en Tanzanie et au Kenya. Un plan de restructuration devrait être présenté prochainement aux actionnaires, proposant de séparer les activités agricoles et terriennes de ses activités d’investissement.
De son côté, le sud-africain Tongaat Hulett a annoncé lundi une hausse de 5% de ses bénéfices sur son premier semestre, boosté par un redressement de sa production après deux années de sécheresse et la vente de terres. Sa production de sucre s’est redressée mais ses gains ont été annulés par la faiblesse des cours internationaux et les importations élevées en Afrique du Sud. Le groupe entend porter à 26%sa production régionale de sucre contre 22% actuellement.
Avec commodafrica