Au Burundi, un manifestant burundais a été tué vendredi par une balle tirée par la police, dans le quartier contestataire de Musaga à Bujumbura, ont annoncé des témoins et un responsable administratif à l’AFP.
Selon ces témoins, quelque 200 personnes ont tenté de se regrouper dans les hauteurs de Musaga, l’un des foyers de la contestation contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, qui agite Bujumbura depuis le 26 avril. Ils ont été dispersés par des tirs de la police et l’un des manifestants, blessé à la poitrine, est mort alors qu’il était pris en charge par la Croix-Rouge.
“La police est venue et a dispersé les manifestants, les policiers ont tiré de nombreuses balles et malheureusement un des manifestants a été touché à la poitrine et a succombé à ses blessures”, a confirmé à l’AFP un responsable de l’administration du quartier ayant requis l’anonymat.
Selon d’autres témoignages concordants, entre 200 et 300 personnes se sont brièvement regroupées vendredi dans le quartier de Cibitoke, autre haut-lieu de la contestation, avant d’être dispersées par la police. Un bus de transport public a par ailleurs été incendié – les deux camps se renvoyant la responsabilité – vendredi, sans faire de victime, dans le quartier de Ngagara, selon des témoins.
Après plus d’un mois de manifestations quasi-quotidiennes émaillées de violences, la police burundaise est parvenue depuis mercredi à étouffer quasiment tout regroupement de protestation à Bujumbura.
Dans les différents quartiers contestataires, les manifestants tentant de se rassembler ont été immédiatement dispersés depuis trois jours par les tirs de la police, qui tient fermement les grandes avenues et ratisse jusque dans les moindres ruelles.
Par ailleurs des tirs – dont l’origine était inconnue – ont été signalés dans la nuit dans les quartiers contestataires de Nyakabiga, Ngagara et Cibitoke, selon des habitants.
La Croix-Rouge a annoncé avoir dénombré jeudi 39 blessés dans les quartiers contestataires de Bujumbura, sans préciser la nature des blessures. Les violences liées à la contestation ont fait une quarantaine de morts depuis le 26 avril.
La désignation le 25 avril par son parti, le CNDD-FDD, de M. Nkurunziza pour porter ses couleurs à la présidentielle du 26 juin, a déclenché des manifestations à Bujumbura et dans quelques localités de province.
Les adversaires de cette candidature estiment que la Constitution interdit à M. Nkurunziza – élu en 2005 et réélu en 2010 – de briguer un nouveau mandat, ce que réfute le camp présidentiel.
Le président Nkurunziza, sous pression de ses pairs est-africains, a signé jeudi un décret reportant “sine die”, les élections législatives et communales déjà repoussées à ce vendredi 5 juin.
Ce report devrait permettre une reprise du “dialogue politique”, initié courant mai sous l’égide de l’ONU et qui bute notamment sur la fin des manifestations exigée par les autorités et le troisième mandat du président Nkurunziza, noeud de la crise.
Les deux camps ont estimé que cette question du troisième mandat n’était “pas taboue”, laissant entrevoir une possible avancée du dialogue.
MAXWELL / Source : afp