Enjeux de migration, du développement durable, de la coopération intercontinentale pour la co-émergence… Du 8 au 11 novembre, pendant 4 jours, Tanger est devenue le laboratoire d’étude des « grands bouleversements » dans le monde. Sur les bords de la Méditerranée, la ville marocaine reçoit le forum des Medays qui a lancé sa dixième édition très tournée vers l’Afrique. Voici ce qu’il faut retenir pour le Continent à l’issue des premiers travaux.
Quatre jours de débats entre plus de 150 intervenants allant de présidents en exercice, de ministres en fonction, d’anciens ministres à des experts et … une grande part pour l’Afrique. La dixième édition du forum Medays a ouvert ce mercredi 8 novembre, son laboratoire d’analyse autour du thème : « De la défiance aux défis: L’ère des grands bouleversements ».
Face aux défis du développement, un discours positiviste sur l’Afrique
L’Afrique et ses défis sont au cœur des travaux de la 10 ème édition des Medays. Il faut dire que le contexte précédant l’organisation de ce forum international par l’Institut Amadeus, un think-tank marocain, explique en partie cette priorisation de l’Afrique. Lors du sommet de l’Union africaine en janvier à Addis-Abeba, le Maroc a réintégré l’organisation continentale, plus de 30 ans après en avoir claqué la porte.
« Le forum MEDays a su montrer qu’il avait une capacité à se saisir très tôt des thèmes qui montent dans l’agenda international : l’émergence de l’Afrique, le co-développement, la résilience climatique ou la mutation des menaces sécuritaires au Sahel notamment. C’est dans l’ADN de ce forum de discuter des liens directs entre ces thèmes afin de poser des diagnostics inclusifs. », concède Brahim Fassi Fihri, le président de l’Institut Amadeus dans son discours d’ouverture.
Effectivement, l’agenda international fournit également des explications sur la place du Continent dans la 10ème édition du Medays. Le sommet Union africaine – Union européenne (UA-UE) qui se tient les 29 et 30 novembre 2017 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, devrait permettre aux deux ensembles régionaux de réviser leur coopération mais aussi de poser les questions qui fâchent.
« L’Afrique qui ose », responsable de son développement
En prélude à la cérémonie d’ouverture lancée le soir, la matinée du mercredi a été consacrée justement à plusieurs questions eurafricaines qui fâchent. Au cœur des ateliers de réflexion, la rénovation du partenariat eurafricaine avec des solutions proposées sur les flux migratoires, la question du terrorisme, du transfert de technologie, les bénéfices mutuels d’une coopération assainie et égalitaire entre les deux Continents mais aussi les bases de cette nouvelle collaboration.
A la tribune, le Président guinéen Alpha Condé a usé de son franc-parler. Dans un discours que l’on croirait presque improvisé, le président en exercice de l’Union africaine a plaidé pour une responsabilisation des Africains dans la résolution des problèmes du Continent. Il a mis en avant une relation Afrique-Europe dans l’accompagnement et non dans la dépendance.
« Nous devons avoir confiance en Afrique. Arrêtons d’accepter que nos problèmes soient réglés de l’extérieur. On est les seuls capables de déterminer ce qui nous convient le plus. Nos solutions sont toujours plus efficaces. Elles émanent de l’Afrique au profit du peuple africain », résume Alpha Condé après un bref rappel des défis de l’Afrique.
Dans son discours Alpha Condé met en avant une « Afrique [qui] ose, qui a confiance en elle » en faisant tomber les frontières pour concrétiser une « zone de libre échange » tout en privilégiant l’échange interafricain.
« Nous disposons d’un potentiel énorme. Nous avons une jeunesse qui peut très bien contribuer au développement de notre continent à condition qu’on lui cède le pouvoir. Au lieu de penser aux bénéfices, pensons tous ensemble à ce que nous avons apporté à notre jeunesse pour qu’elle cesse de fuir le continent ». Le message du Président guinéen, prononcé devant un parterre de responsables des deux côtés de la rive, n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Avec latribuneafrique