L’édition 2018 du classement Doing Business établi par la Banque mondiale vient de paraître. Si Maurice, le Rwanda et le Maroc signent comme l’an passé les meilleures performances africaines, il convient de souligner la performance de Kigali, qui fait son entrée dans le top 50 mondial.
Depuis quinze ans, la Banque mondiale mesure chaque année la qualité de l’environnement des affaires à travers le monde, avec son classement Doing Business, dont l’édition 2018 vient de paraître. 190 économies sont passées à la loupe, à travers des critères qui vont de l’électrification à la facilité de création d’entreprise, en passant par la pression fiscale et la protection du droit à la propriété. En tête du palmarès, comme l’année dernière, la Nouvelle-Zélande, Singapour et le Danemark se partagent le podium.
Le premier pays africain à apparaître dans ce classement est l’île Maurice, qui décroche la 25e place : un retour en grâce après son écart de 2017, où il avait perdu 17 place pour ne figurer qu’en 49e position.
Deuxième Africain du palmarès, le Rwanda fait son entrée dans le top 50 en passant de la 56e à la 41e place. Même si cette progression n’est pas aussi spectaculaire que celles du Nigeria, du Malawi, de Djibouti et de la Zambie, qui figurent dans le top 10 des pays où le climat économique s’est le plus amélioré par rapport à l’année précédente selon les critères de Doing Business, elle consacre la politique volontariste menée dans le pays. Et les résultats sont tangibles : le revenu moyen par habitant et par an est remonté à 700 dollars (environ 595 euros), après être tombé à 150 dollars en 1994, et même les ruraux, qui constituent 75 % de la population, ont vu leurs gains augmenter d’un tiers sur la même période.
Le Maghreb en net recul
Au Maghreb, le Maroc reste sensiblement à la même place (il passe de la 69e à la 68e place), mais la Tunisie et l’Algérie, confrontées à la crise des hydrocarbures et où les finances publiques montrent des signes de faiblesse, cèdent respectivement 11 et 10 places pour passer en 88e et 166e position.
Les économies les moins régulées sont celles où le taux de chômage est le plus fort
La Libye, toujours en proie à une instabilité politique, remonte péniblement de la 188e à la 185e place. Le dernier rapport du FMI sur les perspectives régionales en Afrique du Nord se veut pourtant plutôt optimiste sur l’avenir économique de ces pays.
En Afrique de l’Ouest, c’est le Ghana qui signe la meilleure performance et se classe à la 120e place, suivi par le Cap-Vert (127e). La Côte d’Ivoire et le Sénégal se suivent aux 139e et 140e place.
Quant aux pays de la Cemac, ils figurent tous les six dans le dernier tiers du classement, et c’est la Guinée, pourtant à la 153e place, qui s’en sort le mieux.
Un lien entre climat des affaires et pauvreté
Doing Business a enregistré 264 réformes dans le secteur des affaires à travers le monde, dont 83 en Afrique subsaharienne. Une performance saluée par les auteurs du rapport, qui nuancent toutefois : « Les économies des pays de l’OCDE se sont moins améliorées car leurs pratiques sont déjà globalement bonnes ».
Si ces derniers se refusent à donner un lien direct de cause à effet entre ces réformes et la situation de l’emploi dans les pays concernés, ils notent toutefois que les économies dans lesquelles les affaires sont le mieux régulées sont celles où sont créés le plus d’emplois, et qu’au contraire, les économies les moins régulées sont celles où le taux de chômage est le plus fort.
De même, ils notent une corrélation entre leurs résultats et l’index de Gini, qui mesure les inégalités de revenus : « Les économies où le climat des affaires est mauvais sont celles où les inégalités sont les plus fortes ».
Avec jeuneafrique