Les autorités béninoises viennent d’interdire le transport de l’essence frelaté dans les rues de Cotonou, capitale économique béninoise. Une décision qui n’affectera que très peu les commerçants de ces produits qui ont fini par imposer leur loi sur le marché parallèle, malgré les diverses tentatives de réorganiser le secteur ou de le dissoudre de manière définitive.
Le transport de produits pétroliers frelatés dans les rues de Cotonou est désormais interdit. Dans une correspondance adressée au directeur départemental de la police nationale du Littoral, le préfet de ce département, Modeste Toboula, a demandé aux forces de sécurité de prendre les dispositions afin «de mettre en fourrière tout camion et moto transportant de l’essence frelatée sur les axes routiers de la commune de Cotonou».
«Il m’a été donné de constater que des camions branlants, chargés de bidons remplis d’essence frelatée ou des motocyclistes transportant près d’une dizaine de gourdes contenant ce produit, circulent en violation de toutes les prescriptions sur les artères de la ville», signale le préfet du Littoral au directeur département de la police nationale.
Le préfet a expliqué que cette décision est motivée par la préservation de la sécurité des populations, tout en indiquant que le transport des produits pétroliers frelatés est une source d’insécurité, autant pour les populations que pour ceux qui le transportent. «Les usagers de la route sont exposés aux risques d’accident et d’incendie où des pertes en vies humaines sont parfois déplorées », a souligné le préfet du Département administratif.
L’on se souvient encore de la nuit du 3 au 4 octobre dernier lorsque le quartier Louho à Porto-Novo a connu un incendie avec plusieurs dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Après enquête, les autorités avaient pointé du doigt le commerce des produits pétroliers, avant de procéder à l’interpellation du baron de l’essence de la contrebande au Bénin, Joseph Midodjoho, alias «Oloyé».
Rappelons que cette interdiction ne date pas d’aujourd’hui. En effet, depuis 1983, un décret présidentiel interdit le commerce illicite des produits pétroliers frelatés sur toute l’étendue du territoire national du Bénin. Malgré cette interdiction et la prise de plusieurs autres décisions pour freiner cette activité, ce commerce ne s’est jamais arrêté et les multiples actions engagées par les autorités n’ont jamais abouti à des résultats concrets.
Des pertes annuelles estimées à 120 milliards de Fcfa
Le commerce des produits pétroliers frelatés est à l’origine d’une importante perte pour les recettes de l’Etat béninois. «Le Bénin perd directement, au bas mot, 120 milliards de francs CFA par an, du fait de ce trafic parce que le secteur informel maîtrise à peu près 75% à 80% du volume de l’essence vendue», indique l’économiste béninois Antoine Hounkpatin.
Toutefois, ce commerce ne poserait pas seulement des problèmes d’ordre sécuritaire ou économique, mais aussi environnemental. «La manipulation des produits pétroliers dans le secteur informel engendre une pollution atmosphérique à travers les vapeurs d’hydrocarbures dispersées dans l’air, versées dans la nature ou balayées par les eaux de ruissellement », a fait savoir le préfet dans sa note. Modeste Toboula croit que le trafic des produits pétroliers tel qu’il est aujourd’hui est à l’origine du développement de maladies qui mettent en danger la santé des citoyens.
Avec latribuneafrique