Le ministre camerounais de l’Agriculture et du Développement HENRI EYEBE AYISSI durable fait le point de la situation dans son pays.
Quelle est la situation des ravages de la chenille du légionnaire d’automne au Cameroun ?
Le Cameroun est l’un des pays ayant un fort taux d’exposition aux dégâts de la chenille légionnaire d’automne. Sa présence est avérée dans 7 voire 8 régions sur les 10 que compte le Cameroun. Les régions du septentrion (Adamaoua, Extrême Nord et Nord) sont les plus vulnérables aux actions de la chenille.
Ceci s’explique naturellement par la grande spécialisation en cultures céréalières et par la pratique de l’élevage. En effet, en 2017, cet insecte a attaqué environ 75 % de la production céréalière du pays et plus de 50?000 hectares de plantations, majoritairement dans les trois régions du Nord. Les ravages du légionnaire d’automne se font aussi sur certains légumes. Je puis vous dire que c’est un véritable danger.
Quelles mesures ont été prises jusqu’ici ?
Depuis mai 2018, le gouvernement camerounais, par l’entremise du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, a lancé un projet d’appui au contrôle de la chenille légionnaire d’automne. Ceci avec l’appui de la FAO. Un montant de 182?400 euros (120 millions de francs CFA) disponible depuis le mois de mai a été octroyé à l’État du Cameroun pour lutter contre cet insecte nocif. L’enveloppe sera mise à profit à travers l’usage de deux biopesticides homologués.
Nous poursuivons la vulgarisation auprès des agriculteurs en vue de la mise en place du projet d’appui au contrôle de la chenille légionnaire. Avec l’afflux des réfugiés centrafricains et nigérians, nous devons être plus précautionneux. Car la demande nutritive pourrait davantage épaissir la tension alimentaire.
De manière plus large monsieur le ministre, quelle est la situation en Afrique centrale ?
Grâce à la FAO, la chenille du légionnaire a été détectée en 2016 en Afrique. Depuis lors, plusieurs autres pays de la région ont confirmé la présence de l’insecte et identifié ses ravages. C’est le cas de la République démocratique du Congo (RDC) qui est grandement atteinte, du Tchad, de la Centrafrique, du Gabon pour ne citer que ceux-là. Vous savez, ce parasite a une forte capacité de propagation et reproduction transfrontalière.
En fonction des conditions climatiques, de la similarité des saisons culturales, la chenille migre pour des besoins de survie de l’espèce. Nous remercions la Bad de nous apporter son concours pour mettre hors d’état de nuire cette nouvelle hypothèque sur la sécurité et l’autosuffisance alimentaire.