Les données sur les flux des transactions commerciales disponibles sur le terminal Bloomberg, révèlent que le Cameroun a connu un déficit commercial de 2,6 milliards $ (1180 milliards de FCFA) au terme de l’année 2015, en hausse comparé à celui de 2014 (2,17 milliards $). Sur les six dernières années, depuis 2010, le déficit commercial accumulé par le pays s’affiche désormais à 8,32 milliards $, indiquent les mêmes informations.
La valeur globale de ces échanges extérieurs a reculé de 12%, soit le repli le plus important des six dernières années, et très loin derrière la performance de 2011, lorsque le volume des échanges du Cameroun (12,6 milliards $) avait progressé de 28% comparé à celui de l’exercice 2010 (9,8 milliards $). La contre-performance de 2015 aura été aussi impactée par un repli (-19%) des exportations, alors que les importations elles, ont été réduites de seulement 8%.
Dans un contexte marqué par le repli des prix du pétrole, les dirigeants de la première économie de la zone couvrant l’Union monétaire d’Afrique Centrale, se sont défendus de sa résilience et du taux de croissance solide de son produit intérieur brut (PIB) estimé en 2015 à 5,6% et qui est projetée à 6% pour l’exercice 2016. Mais cette solide performance est atténuée par le fait que l’économie camerounaise a aussi connu le plus gros déficit de la sous-région.Avec le contexte de crise socio-politique dont il sort seulement progressivement, le déficit commercial de la République Centrafricaine en 2015 a été de seulement 688 millions $.
La République du Congo, le Gabon et le Tchad ont affiché des excédents commerciaux respectifs de 565,17 millions $, 2,3 milliards $ et 1,63 milliard $. La Guinée Equatoriale tient la palme d’or de la CEMAC, avec un excédent commercial de 5 milliards $. Sao Tome et Principe l’autre pays de la sous-région a une économie négligeable à cette échelle, avec des échanges commerciaux qui n’atteignent pas 150 millions $.
Il convient de dire toutefois, que même si les autres pays de la sous-région ont connu un excédent commercial, la république du Congo dont l’économie dépend fortement du pétrole présente un fort profil de risque de déficit futur, car malgré la baisse de près de 40% de ses revenus d’exportation (fortement dominés par la vente de pétrole), les dépenses en biens et services importés ont continuer de progresser, faisant chuter son excédent commercial de 89% comparé à celui de 2014 (5 milliards $). Ce dernier pays pourrait donc suivre le Cameroun si rien n’est fait pour endiguer le volume des importations, car les prix du pétrole restent à un bas niveau.
Avec une baisse de ses exportations, à seulement 5,7 milliards $, le Gabon a su instaurer le juste équilibre, avec un repli significatif de la courbe de ses importations, ce qui lui garantit de toujours maintenir un certain excédent commercial. La Guinée Equatoriale est loin de ses records d’excédents commerciaux mais elle a aussi pu faire baisser le niveau de ses importations ce qui lui permet de maintenir une marge positive.
Dans le cas du Cameroun, une analyse profonde de la situation pourrait apporter plus de précisions. Mais déjà on peut noter à son actif, que la progression de son déficit commercial a été moins forte que les années précédentes, même si ce dernier est plus important en valeur absolue (montant). Pour l’exercice 2015, il est supposé avoir progressé de seulement 20%, contre 47% en 2013 et 60% en 2014.
Techniquement, les produits pétroliers constituent souvent une part importante des importations du Cameroun et, logiquement, un repli des prix du baril aurait pu se traduire par un recul plus significatif des importations. Mais une hypothèse forte présentée par les autorités, tend à expliquer que ce déficit devrait être compris, par le fait des investissements entrepris dans le cadre du plan d’urgence triennal et aussi de ceux en cours de réalisation en vue des prochaines coupes d’Afrique des Nations qu’abritera le pays.
Ces investissements publics, selon les analystes, seraient pour beaucoup dans la progression du Produit Intérieur Brut. Il faudrait maintenant que leurs rendements soit à la hauteur du passif généré, et permettent de le refinancer. De nombreux défis subsistent cependant.
Selon des informations rapportés par des médias locaux, des infrastructures structurantes comme le port en eau profonde de Kribi (dans le sud du pays) sont déjà en train de s’amortir, alors qu’il n’est pas encore dans sa pleine phase d’exploitation.
L’efficacité du barrage de Lom Pangar sensé booster le secteur énergétique, ne sera pleinement ressenti qu’avec la construction de nouveaux barrages sur le fleuve Sanaga (le plus puissant du pays et de la CEMAC). Or ces projets sont encore en train de se mettre en place. Tout n’est donc pas sombre pour le Cameroun. Des données disponibles sur la base des données des perspectives économiques du FMI, indiquent que la croissance devrait se poursuivre, et le niveau d’endettement du pays se maintiendra à seulement 47% de son PIB d’ici 2020, si toutefois des politiques plus efficientes sont mise en œuvre.
avec agenceecofin