Malgré un rôle central au sein de la famille et la société, les femmes africaines ne sont pas encore assez encouragées à devenir entrepreneures. Une situation dommageable au regard du potentiel qu’elles représentent pour le développement économique et social du continent. Certaines personnalités de premier plan, comme la première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, ou encore Helen Clark, directrice du Programme des nations unies pour le développement (PNUD), l’ont bien compris. Jour après jour, elles militent en faveur d’une meilleure intégration des femmes, aussi bien sur le continent africain que dans le monde.
Inégalités hommes-femmes, un frein au développement
Le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) indique que même si 61 % des femmes africaines travaillent « elles n’en sont pas moins victimes d’exclusion économique, car le travail qu’elles effectuent est sous-payé, sous-rémunéré, et dépend le plus souvent du secteur informel ». L’accès à la propriété terrienne est l’un des exemples les plus flagrants de cette inégalité. D’après Mme Clark, directrice du PNUD et candidate à la succession de Ban Ki-moon comme secrétaire général de l’ONU, « Dans de nombreux cas, les femmes ne peuvent pas posséder de terres ou hériter de terres, ce qui rend difficile pour elles d’emprunter de l’argent. Cela a pour conséquence qu’elles n’ont pas les moyens d’acheter les meilleures graines, les meilleurs engrais. » « Donc, au final, même si elles travaillent très dur, les femmes produisent moins »
Par ailleurs, les inégalités hommes-femmes freinent le développement économique d’un pays. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : d’après un calcul de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), si les femmes disposaient des mêmes moyens que les hommes, elles pourraient augmenter de 20 à 30 % les rendements des exploitations agricoles. Dans son rapport 2016 sur le « développement humain en Afrique », le PNUD constatait quant à lui que « Les inégalités qui entravent l’activité économique des femmes en Afrique subsaharienne font perdre 95 milliards de dollars par an aux pays de cette région ». Et selon un rapport du McKinsey Global Institute datant de septembre 2015, « si tous les pays du monde arrivaient à une égalité parfaite entre les femmes et les hommes, le gain de croissance mondiale atteindrait 26 % (soit 28 000 milliards de dollars). Le continent africain gagnerait quant à lui 12 % de PIB. »
Devant ce potentiel, les initiatives se multiplient
En Afrique et dans le monde, les femmes ne doivent plus être mises de côté. Et ils sont de plus en plus nombreux à le comprendre. Le 10 janvier dernier, lors d’une rencontre à Aït-Melloul, au Maroc, à laquelle participaient des opérateurs agricoles marocains de la filière « Légumes et fruits », Abdu Razzaq Guy Kambogo, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Gabon au Maroc, soulignait que « les politiques et les stratégies de développement ne peuvent atteindre les objectifs escomptés sans intégration de la femme dans le processus du développement ». Mobilisé sur la question de l’entrepreneuriat féminin, le gouvernement gabonais multiplie les initiatives, à l’image du « Prix du président de la République gabonaise pour encourager et soutenir les meilleures expériences féminines en matière de développement agricole ».
Dans ce travail de sensibilisation, la Première Dame ivoirienne, Dominique Ouattara, s’est également illustrée comme une fervente avocate des femmes entrepreneures. Cette dernière a notamment créé le Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI), qui propose déjà des microcrédits à taux réduit à plus de 110 000 bénéficiaires. « Nous devrons créer des ponts entre les porteurs de projets et les investisseurs », expliquait-elle dans une tribune dans Slate Afrique. Pour elle, il faut aussi « trouver des solutions permettant [aux femmes] de concilier activité économique et vie de famille. Cela passera par “la mise en réseau des initiatives”, afin que les entrepreneuses “puissent bénéficier des conseils des personnes possédant de l’expérience dans le monde de l’entreprise”. “Travailler pour l’amélioration des conditions économiques et financières des femmes en Afrique, c’est travailler pour le développement de tout notre continent et de l’humanité”, rappelle-t-elle.
Grâce à des initiatives individuelles et collectives, les femmes africaines obtiennent peu à peu gain de cause. Le combat est long, mais les victoires s’accumulent. Le sous-lieutenant Thokozile Muwamba, qui vient d’entrer dans l’histoire de la Zambie, en devenant la première femme pilote d’avion de chasse dans l’armée et qui fait aujourd’hui partie de « la courte liste de pilotes féminins en Afrique » a profité de l’évènement pour s’adresser aux femmes du monde entier : « Les impossibilités peuvent être rendues possibles tant que l’on est déterminé à atteindre son but. »