Les autorités du pays viennent d’annoncer avoir sollicité auprès de l’Empire du milieu un nouveau prêt de 500 millions de dollars pour prendre en charge la construction d’infrastructures routières de 600 km dans l’ouest de l’Ouganda.
« Nous avons eu des contacts avec l’Exim Bank chinoise pour ce prêt. Actuellement nous recherchons un maître d’œuvre chinois, ce qui est la condition préalable à toute discussion sérieuse avec la banque », a confirmé Mark Ssali, responsable des affaires publiques et des entreprises à l’UNRA, la structure d’Etat en charge des routes.
Selon lui, cette infrastructure routière est très importante et stratégique pour l’Ouganda. Kampala a découvert récemment des réserves de pétrole estimées à 6,5 milliards de barils le long de sa frontière avec la République démocratique du Congo. Alors qu’il a l’intention d’en lancer l’exploitation d’ici 2020, l’absence d’infrastructures dans cette région risque de compliquer lourdement le projet. C’est la deuxième fois en 60 jours que le gouvernement ougandais se tourne vers la Chine. Mi-janvier dernier, l’Ouganda a initié une négociation d’un prêt de 2,3 milliards de dollars auprès de l’Exim Bank de Chine pour la construction d’une ligne ferroviaire de 273 km devant relier Kampala à Malabo.
Le pays prévoit la construction d’un grand réseau ferroviaire standard de 1700 km pour se relier avec des lignes identiques existantes au Kenya. Ces jonctions ferroviaires permettront d’augmenter le volume des échanges commerciaux entre le port maritime de Mombasa, au Kenya, et son vaste réseau s’étendant au Soudan du Sud, à l’est de la République démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi. Mais ployant sous plusieurs emprunts, le gouvernement inquiète plus d’un.
Le gouvernement critiqué pour ses emprunts à répétition
L’annonce de la sollicitation du nouveau prêt auprès de la Chine a suscité les critiques de la presse, d’une partie de la classe politique et de certains analystes. Les uns et les autres craignent un étouffement de l’économie ougandaise par les dettes devenues trop volumineuses.
« Vu la hausse de la dette et le mauvais usage qui en est fait, il est fort possible que nous connaissions à nouveau les affres de l’endettement », a confié Julius Kapwepwe, directeur des programmes au sein du think thank Uganda Debt Network, à Reuters.
Selon lui, l’habitude que le gouvernement ougandais a de se tourner très souvent vers les crédits chinois risque de refaire tomber le pays dans les difficultés liées à une dette trop élevée, une situation qui rappelle le début des années 2000. A en croire la Banque centrale de l’Ouganda, la dette du pays s’est accrue, passant de 3,8 milliards de dollars en juin 2013 à 10,3 milliards de dollars 3 ans plus tard, en mai 2016. De quoi inquiéter.
Cependant, certains experts estiment que même si la dette est grande, les investissements que fait le gouvernement sont nécessaires et pourraient avoir de très bonnes retombées économiques. C’est le cas de la réserve de pétrole qui pourrait donner une nouvelle santé financière au pays ou du réseau ferroviaire qui ferait de l’Ouganda une véritable plateforme dans sa région.