Adopter une politique de gestion sérieuse des mots de passe est indispensable pour assurer la sécurité des données de l’entreprise.
Une récente enquête réalisée par le cabinet Vason Bourne pour le compte de SailPoint a mis en évidence le manque d’efficacité des politiques de gestion des mots de passe adoptées par de nombreuses entreprises françaises. 73 % des collaborateurs interrogés précisent ainsi utiliser un mot de passe unique pour toutes les applications et 38 % confessent partager leur mot de passe avec leurs collègues. Et, 37 % des personnes interrogées affirment pouvoir encore accéder à certains services en ligne sécurisés de leur ancien employeur. Autant de raisons de rappeler quelques principes à suivre dans la mise en place d’une politique de gestion des mots de passe efficace.
1 – Choisir un mot de passe compliqué et mémorisable
Pour l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), un bon mot de passe doit être composé de 10 à 12 caractères de type différent (lettres, chiffres, caractères spéciaux, majuscules, minuscules). Bien entendu, la chaîne de signes ainsi formée ne doit pas avoir de lien avec la vie privée de son utilisateur et ne doit pas être présente dans un dictionnaire (autrement dit, elle ne doit avoir aucun sens). Afin de parvenir à créer un tel mot de passe et à s’en souvenir, l’Anssi préconise deux méthodes. La méthode phonétique « J’ai acheté 5 CD’s pour cent euros cet après-midi » : ght5CDs%€7am, et la méthode des premières lettres : « Les 12 salopards et César et Rosalie sont mes deux films préférés » : l12seCeRsmdfp.
2 – Bannir les mots de passe uniques
Même si cela est pratique et plus simple, il est dangereux d’utiliser le même mot de passe pour plusieurs comptes. S’il venait à être découvert, toutes les applications qu’il permet d’ouvrir seraient compromises. A minima, l’Anssi conseille de choisir un mot de passe spécifique au moins pour les services les plus sensibles (messagerie professionnelle, accès aux réseaux de l’entreprise, services bancaires en ligne…). Quant aux systèmes de mémorisation des mots de passe présents notamment sur les navigateurs Internet, l’agence en déconseille l’usage. Bien entendu, le recours au célèbre « Post-it » pense-bête collé sur le bureau est à proscrire.
3 – Changer régulièrement de mot de passe
Aussi fort soit-il, un mot de passe n’est jamais incassable. Dès lors, convient-il de le changer régulièrement pour éviter qu’un hacker qui serait parvenu à le découvrir sans que personne s’en aperçoive continue à accéder au réseau de l’entreprise ou à certaines de ses applications. Il faut ici trouver un compromis entre le confort des utilisateurs et la nécessaire sécurité de l’entreprise. En fonction du caractère sensible des accès, la durée de validité d’un mot de passe pourra varier de 3 mois à 1 an.
4 – Former et informer
La gestion des mots de passe ne doit pas peser sur les seuls collaborateurs, mais doit s’inscrire dans une politique de sécurité globale. Ainsi, les règles de choix des mots de passe (longueur du mot de passe, type de signes utilisables pour le composer…) comme leur durée de vie doivent être les mêmes pour tout le monde. Pour être acceptée et suivie et ne pas être considérée comme des contraintes inutiles et chronophages, la mise en place de ces règles doit s’accompagner de plan de formation et de communication. L’idée est ici de permettre à chacun de mesurer les enjeux de la sécurité informatique en termes de risque. Cette phase est essentielle pour que la sécurité devienne une véritable culture partagée par l’ensemble des collaborateurs. Idéalement, des réunions d’information pourront être organisées pour sensibiliser l’ensemble des collaborateurs sur l’intérêt d’assurer la sécurité des données de l’entreprise, mais également afin de partager les expériences de chacun et ainsi élaborer des solutions à la fois efficaces et consensuelles.
5 – Effectuer un suivi
La sécurité des systèmes informatiques doit être administrée de manière centralisée comme tous les autres sujets à fort enjeux de l’entreprise. Les personnes qui en assument la charge, outre de définir les règles de création et de gestion des mots de passe, devront aussi veiller à leur application (vérification de la « force » des mots de passe choisis par les collaborateurs, mise en place de systèmes automatiques imposant le changement des mots de passe après un certain délai, vérification de la confidentialité des mots de passe, désactivation des mots de passe des anciens salariés…).
avec lesechos