Une envie qui se fait surtout ressentir chez les 15-24 ans et les femmes.
Quatre Marocains sur dix veulent quitter le Maroc. C’est le résultat d’une enquête menée par nos confrères de L’Economiste avec Sunergia. Manque de confiance envers les instances gouvernementales, malaise social, incivisme, marché de l’emploi saturé, crise du logement et faible évolution des salaires… Ces nombreux facteurs, relevés par le quotidien dans son édition du 14 novembre, illustrent un pessimisme ambiant et un ras-le-bol d’une partie de la population qui aspire à un avenir meilleur si une opportunité venait à se présenter sous d’autres cieux.
Le mot “Occident” synonyme d’Eldorado
Et l’envie de fuir le royaume se fait surtout ressentir chez les 15-24 ans: 59% des sondés de cette tranche d’âge souhaitent partir. Mais quitter le Maroc pour quelles raisons? Pour aller où? “Il y a la migration des démunis, ceux qui cherchent à sortir d’une situation de grande détresse, notamment par la migration clandestine, mais aussi les migrations professionnelles, les migrations de transit, ou encore la migration estudiantine (relativement courte)”, explique au quotidien Jean Zaganiaris, sociologue et enseignant-chercheur à l’EGE Rabat.
“Mais l’une des principales raisons pour laquelle on quitte son pays, c’est que l’on est convaincu que ce sera mieux ailleurs. On adhère au discours de nos compatriotes qui disent mener une vie confortable à l’étranger”, poursuit-il. Cette envie de s’expatrier s’expliquerait par un sentiment de recherche d’équilibre entre vie privée et professionnelle, de liberté et de considération précise l’enquête réalisée en octobre sur un échantillon de 1000 personnes.
Pour le sociologue, le mot “Occident” est aux yeux de beaucoup de Marocains issus de certaines catégories sociales, un synonyme d’Eldorado. “Même si cette image est aujourd’hui plus nuancée, notamment après la crise économique de 2008, elle reste très présente comme le montre la littérature marocaine”, explique-t-il à nos confrères.
Les femmes ont plus envie de partir que les hommes
Chez les plus âgés, l’envie se fait également ressentir: parmi les 25-34 ans, 40% aspirent à partir suivi de 42% chez les 35-44 ans interrogés. Les sexagénaires restent les moins emballés par l’immigration avec à peine 1 personne sur 10 âgée de plus de 65 ans qui souhaite partir.
Par catégorie socioprofessionnelle, les écarts ne sont pas énormes, relève l’enquête. Les CSP D et E sont celles qui souhaitent le plus partir (44%), suivies des CSP C (38%). “Peu confiantes quant à leur avenir, les personnes issues de cette classe sociale semblent avoir perdu confiance en l’État. Système de santé et d’éducation défaillant, insécurité, marché du travail verrouillé … ils se sentent exclus, et pensent “avoir très peu de chance de réussite”, affirme L’Economiste. Les CSP A et B, classes les plus aisées, ne sont pas pour autant épargnées par l’envie de partir, puisque “plus du tiers des CSP A-B n’ont qu’une idée en tête, quitter le pays pour d’autres latitudes plus en accord avec le mode de vie qu’ils souhaiteraient avoir”.
Surtout, les résultats révèlent que les femmes ont bien plus envie de quitter le pays que les hommes. Près de 5 sur 10 envisagent cette option si l’occasion se présentait, contre 31% pour la gent masculine. Un chiffre qui rompt avec le cliché selon lequel ce serait l’homme qui part et la femme qui reste, précise Jean Zaganiaris.
Avec huffpost