Le « coupé-décalé » est une tendance musicale originaire de la Côte d’Ivoire, apparue au début des années 2000 et initiée par de jeunes ivoiriens vivant à Londres et en France. C’est un genre musical dont la renommée n’a pas toujours été reluisante notamment due à certains préjugés qui y étaient rattachés au départ – plusieurs de ses précurseurs ne faisant pas bonne presse à cause des origines “douteuses” du concept. Aujourd’hui, le « coupé décalé » est plus un style de vie qu’une musique vivement adoptée par la jeunesse ivoirienne qui s’y reconnaît fortement. Après l’euphorie de la « sagacité », le « travaillement » et bien d’autres concepts qui font l’histoire du « coupé décalé », cette musique est allée bien au-delà de ce que l’on croyait éphémère. Elle est désormais l’identité musicale de cette nouvelle génération ivoirienne dont les initiatives artistiques en portent l’empreinte. Jovago, acteur du tourisme ivoirien nous emmène au cœur de l’identité culturelle et musicale de la génération « coupé-décalé »
Après la génération Douk Saga, principal précurseur de cette tendance musicale dont la mort a fait l’objet de plusieurs polémiques, est née une autre génération dont le combat a été de perpétuer le concept. En effet, le coupé décalé est apparu dans une période particulière de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Une période de turbulence politique où les ivoiriens étaient à la recherche d’une nouvelle source de joie, une nouvelle raison de s’accrocher à la vie en faisant fi de toutes les atrocités provoquées par la guerre. D’où l’envie pour cette nouvelle génération de perpétuer ce qui a permis au peuple ivoire d’oublier un tant soit peu leur amertume. Par ailleurs, ce genre musical a permis au disk jokeys (DJ) ivoiriens de faire connaître leur talent de « griots modernes » au grand public.
Le « coupé décalé », c’est aussi un style de vie.
Le « coupé décalé » est une danse et un mode de vie à la fois. Au-delà de la musique, ce concept a fait naître un autre style vestimentaire qui n’était pas le quotidien de la jeunesse ivoirienne. Le « coupeur-décaleur » est celui qui doit rester “swagg”, et toujours porter de grandes marques peu importe les moyens utilisés pour respecter la règle d’or – des jeans « Bad-boy » portés en dessous de la taille, des fringues de luxes assortis à l’argent facile et à la frime, voici le style du « coupeur-décaleur ». Par ailleurs, cette musique est devenue l’identité musicale de la Côte d’Ivoire. Elle sert en quelque sorte à promouvoir la destination Côte d’Ivoire à travers le monde. Notons que le milieu s’est plus ou moins assaini, laissant de plus en plus place à de jeunes artistes talentueux dont les mérites se vendent en dehors des frontières du pays. A l’instar des figures emblématiques de la musique ivoirienne d’hier, les artistes du « coupé décalé » offrent aussi une certaine visibilité à la terre eburnie. Le concept s’est si bien propagé que certains artistes ivoiriens de l'”époque” précédente s’y sont mis afin de pérenniser leur vente et se faire une nouvelle audience désormais focalisée sur cette nouvelle tendance.
Inventé au départ par la bande joyeuse de Douk Saga, juste pour le fun, le « coupé décalé » est aujourd’hui un vrai phénomène. Une identité musicale et culturelle dans la société ivoirienne. Une identité musicale et culturelle dans la société ivoire, quoique l’on fasse encore échos de l’impact du « travaillement » qui continu à défrayer la chronique en prenant une autre tournure.
Avec Dominique Eliane Yao, Jovago