Liberté économique en Afrique
En matière de liberté économique, certains pays d’Afrique s’illustrent. Dans l’indice mondial 2016 de la liberté économique récemment publié par le think thank canadien Fraser Institute, ces pays démontrent qu’il ne faut pas forcement être une grande puissance économique pour montrer l’exemple.
Ile-Maurice
5ème mondial, ex aequo avec de grandes puissances économiques comme le Canada, l’Irlande, les Emirats Arabes Unis et devant des ténors comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis, l’Ile-Maurice est le pays le plus économiquement libre d’Afrique. Ses principaux points forts : la circulation monétaire et la régulation du marché du crédit. En bref : L’économie mauricienne repose sur les services (69,2% du PIB) dominés par la finance et le tourisme. L’industrie (25,3% du PIB) en est également un des piliers avec notamment l’industrie sucrière. L’Île Maurice attire énormément les investisseurs étrangers en raison de son régime fiscal et de sa culture du secret bancaire. Ce qui lui vaut d’ailleurs une inscription sur la liste noire des paradis fiscaux de la Commission européenne en raison notamment de la domiciliation sur l’île de 27 000 sociétés offshore n’y ayant pas d’activités. Des attributs toujours rejetés par les autorités mauriciennes. Ces dernières ont désormais la tête à la diversification de l’économie et envisagent dans ce sens de développer le secteur des TIC, notamment le cloud, la big data et les logiciels. Une orientation qui pourrait pousser l’île à attirer des travailleurs étrangers en raison du vieillissement de sa population.
Seychelles
L’archipel emboîte le pas à l’Ile Maurice. A la 36ème place mondiale (7.48), les Seychelles sont les n°2 de la liberté économique en Afrique. Points forts : libre commerce international, circulation monétaire, régulation du marché du crédit et facilitation des procédures de création d’entreprises. En bref : Avec une économie largement dépendante des services (70,4% du PIB) le tourisme en l’occurrence, les acteurs économiques jouissent aux Seychelles de conditions fiscales avantageuses. La Commission européenne y voit également les caractéristiques d’un paradis fiscal, mais pour le gouvernement il s’agit uniquement de favoriser l’investissement étranger en vue du développement économique de l’archipel.
Rwanda
L’on ne cite plus les références africaines en termes de progrès économique sans parler du Rwanda. Après des décennies d’instabilité nourrie par sa situation politique, le pays de Paul Kagamé est depuis rené de ses cendres. Il arrive 49ème mondial et 3ème africain dans l’indice de liberté économique de l’Institut Fraser. Ses atouts majeurs, la bonne réglementation des marchés du crédit et du travail ainsi que le libre commerce international. En bref : Après la longue crise socio-politique, marqué par le génocide de 1994, qui l’avait paralysé sur tous les plans, le Rwanda a su mettre en œuvre des réformes économiques et structurelles qui l’ont, ces dernières années, propulsées au rang des économies les plus dynamiques d’Afrique. Le bilan fait notamment état de la réduction de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté qui ne représente plus que 45% de la population rwandaise en 2015, l’amélioration de l’espérance de vie, de l’alphabétisation ou encore une croissance du PIB d’environ 8% entre 2001 et 2014, selon les données du World Economic Forum. Le pays observe certes un léger ralentissement cette année, la prévision de croissance du FMI fixée à 6%, mais le gouvernement poursuit le déploiement de sa « Vision 2020 », une stratégie visant à remplacer le pilier de l’économie rwandaise qu’est l’agriculture à faible revenu, par les services, en l’occurrence les technologies. D’ailleurs, le Rwanda est devenu ces dernières années une référence en la matière en Afrique centrale.
Ouganda
54ème mondial et 4ème africain, l’Ouganda se démarque dans l’indice de liberté économique de l’Institut Fraser. Ses principaux points forts : la facilitation de la création d’entreprise et la circulation monétaire. En bref : Troisième économie d’Afrique de l’Est après le Kenya et la Tanzanie, le PIB de l’Ouganda est principalement porté par l’agriculture, l’industrie et l’énergie. Les TIC émergent en tant que secteur à fort potentiel ces dernières années, employant 1,3 million d’Ougandais et représentant 2,5% du PIB en 2015. Le tourisme aussi est un secteur sur lequel le gouvernement mise désormais pour le développement économique du pays
Botswana
Du haut de son statut de deuxième producteur de diamant au monde, le Botswana est 59ème mondial et 5ème africain en matière de liberté économique, selon l’Institut Fraser. S’il partage généralement des performances similaires aux autres meilleurs élèves africains de l’indice, le pays des Tswanas -du nom de l’ethnie majoritaire- se démarque particulièrement en matière de coût de la conformité aux normes internationales des importateurs et exportateurs qu’il a considérablement réduit ces dernières années.En bref : L’économie botswanaise est principalement portée par les services qui constituent à eux seuls 58,4% du PIB. Si l’agriculture reste peu développée avec 2,4%, le secteur de l’industrie et mines est le deuxième pourvoyeur de croissance avec 39,2% du PIB. L’ambition du gouvernement est faire du Botswana un centre stratégique de l’exploitation des pierres précieuses. Il a, dans ce sens, décidé en 2013 de réaliser la vente en gros de diamants sur le marché local, plutôt qu’à Londres comme précédemment. Par ailleurs, le pays s’oriente également vers le développement des TIC ainsi que l’énergie propre, avec déjà deux projets de construction de centrales électriques attribués à des sociétés sud-coréennes et japonaises. Un autre appel d’offres devrait être lancée prochainement.
Libéria
6ème économie la plus libre d’Afrique et 65ème mondiale, le Libéria signe ainsi sa première apparition dans le classement de l’Institut Fraser. Points forts : circulation monétaire, bonne réglementation du marché du crédit, des horaires de travail, ainsi que la création d’entreprises. En bref : 16ème producteur mondial de diamant, ce pays d’Afrique de l’Ouest regorge de plusieurs autres ressources : bois, latex, café, cacao, et le fer. Son économie est portée par les services (45% du PIB), l’agriculture (39%) et l’industrie (16%). Secouée par l’épidémie d’Ebola et par la chute du cours du pétrole qui a vu son activité de raffinage reculer (avec licenciement en 2015 de tout le personnel de la société pétrolière nationale), le pays a vécu une longue traversée du désert l’année dernière. Une situation qui semble cependant s’améliorer. Après une visite d’inspection en mai dernier, le FMI a estimé que l’économie libérienne renouerait avec la croissance cette année, portant ses prévisions à 2,5%, contre 0,4% en 2015. De quoi rassurer les investisseurs.
Kénya
Première économie d’Afrique de l’Est, le Kenya est le 7ème pays du continent et 71ème mondial en termes de liberté économique. Le pays de Uhuru Kenyatta doit cette position à la réglementation du marché du crédit et du travail, la circulation monétaire, ainsi que la facilitation de la création d’entreprise. En bref : Avec une économie principalement fournie par les services (53% du PIB), l’agriculture (29%) et l’industrie (17%), le Kenya dispose d’un fort potentiel de croissance et pour l’exploiter, le gouvernement entend investir dans les infrastructures, jusque-là talon d’Achille du développement économique du Pays. Un secteur prometteur sur lequel le gouvernement kényan mise désormais est celui des TIC. Avec son projet de « Sillicon Savanah », le pays apparait depuis deux ans comme le hub technologique du continent. Nairobi a récemment décidé de renforcer son investissement dans ce secteur, afin de porter sa contribution au PIB à 10% en 2017, contre 3% en 2015.
Gambie
73ème au niveau mondial, la Gambie est le 8ème pays le plus économiquement libre d’Afrique, selon l’Institut Fraser. Ses points forts : Réglementation du marché du travail et de la création d’entreprise. En bref : L’économie gambienne est dopée par les services qui représentent 57% du PIB, mais l’agriculture qui ne constitue que 27,5% du PIB est le plus grand pourvoyeur d’emplois avec 70% de la population active. Les 15,5% restants reviennent à l’Industrie. Avec un déficit budgétaire de 9,5% du PIB (en hausse de 1.5 point en un an) ou encore une dette publique passée à 107% du PIB en décembre 2015, les indicateurs économiques du pays sont actuellement dans le rouge. A moins de deux mois des élections présidentielles, la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est actuellement mobilisée autour du cas gambien.
Zambie
78ème mondial et 9ème africain de l’indice de la liberté économique de l’Institut Fraser, la Zambie excelle dans la circulation monétaire, la facilitation de la création d’entreprise ainsi que la réglementation du marché du crédit. En bref : Dans ce pays d’Afrique australe, le secteur des services est le plus grand contribuable à l’économique avec 57% du PIB. L’industrie fournit quant à elle 34% du PIB, tandis que l’agriculture est à 10%. Frappée de plein fouet par la chute des prix des matières premières, notamment le cuivre (dont le pays est un grand exportateur), la Zambie s’inscrit désormais dans une dynamique de relance économique. C’est d’ailleurs l’un des principaux chevaux de bataille du président réélu Edgar Lungu. A fin septembre, le gouvernement a annoncé des consultations internes et externes pour la mise en place d’un plan de reprise économique, lequel serait dévoilé en même temps que le budget 2017. Par ailleurs, le secteur des énergies renouvelables représente le nouveau terrain d’exploration économique du gouvernement. Les premiers appels d’offres ont été remportés par le français Neoen et l’américain First Solar.
Cabo Verde
C’est cet Etat insulaire d’Afrique de l’Ouest composé d’un archipel de dix îles volcaniques qui clôt ce palmarès des 10 pays les plus économique libres du continent (87ème mondial). Ses principaux points forts : facilitation des procédures de création d’entreprises et circulation monétaire. En bref : Conscient de la faiblesse de ses ressources naturelles, le Cabo Verde a orienté son développement économique vers les services (commerce, transports, tourisme et services publics). Débiteur d’une dette publique de 126% du PIB, la plus élevée d’Afrique subsaharienne, l’archipel se veut rassurant. Le ministre des Finances Olavo Correia, a récemment déclaré cette dette « exclusivement subventionnée » et donc sans « aucun risque ». Pour relancer son économie, le Cap-Vert s’est récemment lancé dans ce qu’on pourrait qualifier de chasse aux investisseurs. Le gouvernement a marqué le pas, dans ce sens, en renouvelant le bureau du Cabo Verde TradeInvest, l’agence chargée d’attirer les investisseurs pour accroitre l’exportation de biens et services domestiques.
Avec latribune