Le 1er janvier 2008, la Tunisie avait intégré la Zone de Libre Échange pour les produits industriels avec l’Union Européenne. L’accord conclu entre l’État tunisien et le Conseil de l’Union européenne était dans la continuité de l’Accord d’association, entré en vigueur le 1er mars 1998, et qui établit une Zone de Libre Échange entre les deux parties.
En 2012, la Tunisie obtient l’accord de principe pour un statut avancé, qui avait posé les jalons pour les discussions actuelles sur le processus d’Accord de Libre Échange Complet et Approfondi (ALECA), entamé en 2015.
Plus de 10 ans donc de coopération entre la Tunisie et l’UE, qui se sont soldés par “un échec”, selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), qui appelle à “une évaluation indépendante et approfondie, commandée par l’État tunisien, sur les conséquences pour les Tunisiens de l’Accord d’Association avec l’UE. Et ce par rapport aux objectifs qu’il s’était fixés, en termes de conséquences pour les droits économiques, sociaux et environnementaux, et en prenant en compte les inégalités sociales et territoriales”.
Selon le FTDES, suite à cet accord, “l’équivalent du salaire de 60.000 professeurs a été perdu à cause de la baisse des droits de douane, soit 2,4% du PIB. Cette baisse de revenus a été compensée par des hausses d’impôts, que les Tunisiens ont directement ressentis, 55% du tissu industriel tunisien a été perdu entre 1996 et 2013”.
Quant au chômage, il “n’a pas diminué et a explosé pour les jeunes diplômés. L’économie tunisienne s’est en effet spécialisée dans des activités à faible valeur ajoutée”, déplore le FTDES.
Et d’ajouter que la croissance de l’économie “n’a pas dépassé le plafond des 5%. La Zone de Libre Échange n’a pas eu un impact significatif sur les exportations vers l’UE mais a significativement augmenté les importations”.
Alors que la Zone de Libre Échange est censée attirer les investissements étrangers, ces derniers “se sont concentrés sur le littoral, aggravant les inégalités territoriales, sous un régime offshore permettant de rapatrier les bénéfices en Europe”, a fustigé l’ONG.
Le FTDES met en garde contre les répercussions de la conclusion de ALECA qui ne va qu’empirer la crise économique du pays. Le secteur qui va en souffrir le plus est l’agriculture tunisienne qui ne sera pas en mesure d’entrer en compétition avec l’agriculture européenne subventionnée note l’ONG.
“Une telle ouverture pousserait la Tunisie à se spécialiser dans des produits d’exportation, et à être totalement dépendante des importations européennes (…) l’ouverture des marchés tunisiens aux entreprises étrangères ne sera pas soumise à l’obligation de recruter le personnel localement, de soutenir le tissu industriel local, ou encore de transférer les technologies”, explique le FTDES.
L’ALECA aggravera le chômage et axera les politiques publiques sur les investissements au détriment des droits sociaux des Tunisiens, estime le FTDES avant de déplorer le fait que cet accord n’englobe pas la libre circulation des personnes.