Une enquête est ouverte outre-Rhin après que l’office régional des migrations du Land de Brême a validé au moins 1200 demandes d’asile sans vérification, de 2013 à 2017. Plusieurs parlementaires accusent Angela Merkel d’avoir sciemment laissé faire.
Angela Merkel est de nouveau contestée pour la politique migratoire qu’elle a mise en place depuis 2015. Les parlementaires allemands lui demandent des comptes sur les procédures en vigueur après l’ouverture d’une enquête par le ministère allemand de l’Intérieur. Celle-ci doit vérifier la validité de quelque 18 000 dossiers de demandes d’asile, soupçonnant la délivrance de papiers sans respect de la procédure de vérification préalable de l’identité des réfugiés.
La Chancelière allemande va devoir s’expliquer sur ces milliers de demandes d’asile qui auraient été satisfaites sans véritable vérification d’identité. L’hebdomadaire Marianne évoque des «réfugiés de complaisance» et affirme que l’enquête pourrait apporter son lot de révélations. Les ministères concernés auraient été informés de ces dérives et, en creux, se pose déjà la question de l’éventuelle complaisance d’Angela Merkel.
Le parti libéral FDP réclame une commission d’enquête et son président, Christian Lindner, a déclaré : «Nous jugeons nécessaire de faire la lumière sur ce qu’il s’est passé, y compris en ce qui concerne la responsabilité politique, jusqu’à la chancellerie.»
Au cœur du scandale : une affaire révélée le 23 mai dernier à Brême : l’Office des migrations est dans la tourmente depuis que les autorités allemandes ont annoncé que l’instance ne statuerait plus sur les demandes d’asile. Et pour cause, elle est accusée d’avoir répondu favorablement à plus de 1 200 demandes entre 2013 et 2016 sans procéder aux vérifications nécessaires selon le site de la radio internationale allemande, Deutsche Welle.
Des pots-de-vin contre des validations de demandes d’asile ?
D’après cette même source, les procureurs de Brême enquêtent également sur d’éventuels pots-de-vins perçus par les employés de l’Office des migrations. C’est cette enquête qui a donc poussé le ministère de l’Intérieur a revoir toutes les validations de demandes d’asile du Land de Brême depuis l’année 2000, c’est-à-dire 18 000 dossiers.
Avec cette affaire, Angela Merkel, déjà fragilisée à la tête du gouvernement, pourrait perdre encore un peu de crédit au sein de l’opinion publique allemande tandis que les partis d’opposition tels que l’AfD, et même l’aile la plus conservatrice de son propre camp, se saisissent l’affaire. La gestion allemande de cet épineux dossier a néanmoins ses partisans, en Allemagne comme au-dehors. Ainsi, en janvier 2017, Emmanuel Macron estimait que la Chancelière avait «sauvé [la] dignité collective» des Européens en accueillant des centaines de milliers de réfugiés.
En 2015 et 2016, Angela Merkel a ouvert les portes de l’Allemagne à plus d’un million de réfugiés. Une partie des Allemands ont manifesté leur mécontentement vis-à-vis de la chancelière et du Parti chrétien-démocrate lors des élections fédérales de septembre 2017. Un scrutin marqué par une percée historique du parti AfD, radicalement opposé à l’immigration.
Avec rtfrance