Leurs noms ne vous dit peut-être rien mais leurs inventions devraient bouleverser le quotidien de milliers d’habitants sur le continent. Du médicament anti-palu à base de plantes naturelles, en passant par des solutions innovantes en agriculture et architecture ou encore le soutien scolaire : l’innovation investit tous les secteurs. Pour la cinquième édition de son programme phare : le Prix de l’innovation pour l’Afrique (PIA), l’African Innovation Foundation (AIF) célèbre le « made in Africa ». l’objectif ? Mettre en valeur l’ingéniosité africaine mais aussi stimuler la croissance économique et la prospérité par le biais de solutions locales. « En cinq années, j’ai constaté que l’innovation, qui jadis était un simple mot à la mode, est désormais une trajectoire inévitable pour assurer une croissance multisectorielle sur l’ensemble du continent. En tant qu’Africains, nous avons le talent, le potentiel et le poids nécessaires pour résoudre nos propres problèmes avec ingéniosité, comme en témoignent le PIA », a déclaré Mme Pauline Mujawamariya Koelbl, Directrice du PIA depuis le lancement de cette initiative en 2011. À ce jour, le PIA a attiré plus de 6 000 innovateurs issus de 50 pays africains, ce qui en fait une véritable initiative panafricaine. Prochaine étape : décider lesquels de ces 10 finalistes impressionneront le plus le jury et seront les lauréats du PIA 2016 mais déjà inscrits parmi ceux qui façonnent l’histoire de l’innovation en Afrique.
Valentin Agon, Bénin : Api-Palu
Api-Palu est un médicament antipaludéen développé à partir d’extraits de plantes naturelles. C’est en Afrique subsaharienne qu’on rencontre 88 % des cas de paludisme et 90 % des décès dus au paludisme signalés à l’échelle mondiale (OMS : 2015). Certains gouvernements africains consacrent jusqu’à 40 % de leurs budgets de santé publique au traitement de cette maladie. Api-Palu permet un taux rapide de diminution des parasites du paludisme dans le sang après un traitement à court terme, avec des doses relativement plus faibles. Il est disponible sous forme de comprimés, de capsules ou de sirop. Le médicament a été approuvé au Bénin, au Burkina Faso, au Tchad et en République centrafricaine.
Godwin Benson, Nigeria : Tuteria
Un modèle d’apprentissage qui se veut plus adapté au continent africain. Tuteria est une initiative novatrice de plateforme d’apprentissage en ligne peer-to-peer qui permet aux personnes désireuses d’acquérir toute compétence, académique ou non, de se connecter à n’importe quelle autre personne possédant cette compétence et se trouvant à proximité. Par exemple, un étudiant ayant besoin de cours de mathématiques peut se connecter en ligne avec quelqu’un de son voisinage qui offre des cours de soutien en mathématiques. Globalement, les méthodes classiques d’enseignement et d’apprentissage sont en train d’évoluer d’un système centralisé à un système distribué, d’une approche standardisée à une approche personnalisée.
Andre Nel, Afrique du Sud : Green Tower
Green Tower est une solution hors réseau de chauffage de l’eau et de climatisation basée sur l’énergie solaire qui utilise une technologie avancée pour créer une thermodynamique avancée permettant jusqu’à 90 % d’économie sur la consommation d’électricité. La classe moyenne africaine étant en pleine expansion, la demande d’énergie dépasse l’offre et cette initiative a le potentiel d’être déployée à grande échelle. Green Tower peut conserver des ressources énergétiques limitées, les détournant ainsi des systèmes de chauffage et de refroidissement vers des industries plus productives.
Olufemi Odeleye, Nigeria : Tryctor
Le Tryctor est un mini tracteur créé à partir d’une moto. En y fixant divers instruments aratoires, il peut effectuer des opérations similaires à celle d’un tracteur conventionnel, mais à plus petite échelle. Pour la plupart des petits exploitants du continent, l’agriculture est une activité dure, laborieuse et caractérisée par une faible productivité. Cette innovation a permis aux petits exploitants agricoles d’Afrique de se mécaniser d’une façon qui leur était auparavant inaccessible. Le Tryctor est également facile à utiliser et moins cher à maintenir puisque 60 % de ses pièces et composants sont disponibles localement.
Dr Eddy Agbo, Nigeria : test de dépistage du paludisme par les urines (UMT)
Le test de dépistage du paludisme par les urines (UMT) est un dispositif de diagnostic capable de détecter le paludisme en moins de 25 minutes, et ce sans aucun prélèvement sanguin. L’incapacité de diagnostiquer rapidement la maladie et de commencer un traitement antipaludique sans délai peut entraîner diverses complications, dont une insuffisance rénale, un oedème pulmonaire, une anémie aplasique voire le décès du patient.
Dr Imogen Wright, Afrique du Sud : Exatype
Exatype est une solution logicielle qui permet aux professionnels de la santé de déterminer à quels antirétroviraux (ARV) leurs patients séropositifs seraient le plus sensibles. Selon l’OMS, 71 % des personnes vivant avec le VIH/sida résident en Afrique. Exatype traite les données très complexes produites par le séquençage ADN avancé « nouvelle génération » de l’ADN du VIH dans le sang d’un patient. Par l’intermédiaire d’un rapport simple, il détecte les médicaments auxquels le patient sera résistant et les met en évidence afin qu’ils soient évités pour assurer la réussite de son traitement.
Dr Kit Vaughan, Afrique du Sud : Aceso
La technologie d’imagerie Aceso est capable d’effectuer simultanément des opérations de mammographie numérique plein champ ainsi que des échographies mammaires automatisées, améliorant ainsi considérablement le dépistage du cancer du sein. Chaque année, le cancer est à l’origine de plus d’un demi-million de décès en Afrique et ce nombre devrait doubler au cours des trois décennies à venir. S’il est diagnostiqué assez tôt, le cancer peut être traité avec succès. Toutefois, étant donné que 40 % des femmes ont des tissus mammaires denses, leurs cancers ne sont pas toujours visibles à la radiographie. Ce système, premier au monde, est protégé par des brevets internationaux et a été testé avec succès lors de deux essais cliniques distincts, menés sur 120 femmes.
Samuel Rigu, Kenya : Safi Sarvi Organics
Safi Sarvi Organics est un engrais bon marché fabriqué à partir de produits et de déchets purement organiques issus de récoltes agricoles. Il est conçu pour permettre une augmentation du rendement des agriculteurs pouvant aller jusqu’à 30 %. L’engrais utilisé par les agriculteurs ruraux d’Afrique subsaharienne, qui est souvent produit à l’étranger et importé, est extrêmement coûteux. En raison des coûts élevés qu’il représente, les agriculteurs ne peuvent se permettre que les variétés bon marché d’engrais synthétique et acidulé. Dans de nombreuses zones où le sol est intrinsèquement acide, l’utilisation d’engrais acidulé peut conduire à long terme à la dégradation des sols et à une perte de rendement d’environ 4 % par an. Safi Sarvi coûte le même prix que les engrais traditionnels, peut inverser la dégradation des terres exploitées par les agriculteurs et permettre une amélioration du rendement et des revenus.
Johan Theron, Afrique du Sud : PowerGuard
PowerGuard permet aux consommateurs de déterminer la quantité maximale d’énergie requise pour les opérations quotidiennes. Les consommateurs peuvent ainsi réduire leur demande d’énergie, surtout durant les périodes de pointe, ce qui permet une alimentation en énergie plus efficace et réduit les coupures d’électricité. L’Afrique fait face à une forte demande en matière de réseau électrique, mais avec des ressources limitées et une infrastructure vieillissante, l’existence d’un réseau intelligent peut aider à réduire la pression exercée sur l’infrastructure existante tout en permettant progressivement au continent de passer à des énergies renouvelables.
Dr Youssef Rashed, Egypte : The Plate Package (PLPAK)
La croissance rapide des villes africaines implique une augmentation de la demande en matière de développement d’infrastructures afin de suivre la croissance de la population. Le système d’infrastructures en Afrique, en particulier l’architecture de bâtiment, tend à ne pas être testé, en raison des coûts associés à la vérification de l’intégrité de la structure, ce qui peut conduire à l’effondrement des bâtiments et à de nombreux décès. PLPAK permet de répondre à ce problème à faible coût et facilement grâce à un outil de classe mondiale.
Avec L’Entrepreneuriat