Bforbank compte 230.000 clients et l’offre low cost Eko du Crédit Agricole, lancée il y a un an, n’a convaincu que 80.000 clients, en dessous de ses objectifs initiaux.
Alors que les dirigeants du Crédit Agricole se sont vantés «d’être loin devant les néobanques» dans les Echos du 5 mars, le succès des offres mobile et digitale du groupe s’avère plutôt mitigé. À commencer par le raz-de-marée Eko qui n’a pas eu lieu. Cette offre low-cost hybride, déployée par les caisses régionales du Crédit Agricole, proposant des services bancaires pour 2 euros par mois, n’a déclenché que 80.000 ouvertures de comptes depuis son lancement en novembre 2017. «C’est le seul point d’amélioration, nous avions prévu de dépasser plus de 100.000 souscripteurs en un an», reconnaît Yvan Picart, directeur du marché des particuliers de Crédit Agricole SA. Pour rappel, l’objectif d’Eko sur cinq ans est de 500.000 nouveaux clients. Une cible atteinte en seulement trois ans par Compte-Nickel.
Une forte concurrence du secteur
Le Crédit Agricole, qui blâme la forte concurrence du secteur, s’estime tout de même satisfait par ces performances. «Eko est une offre d’entrée de gamme. Nous avons fait moins de volume qu’espéré mais nous avons gagné des parts de marché sur la conquête globale de clientèle», explique Yvan Picart. 15.000 nouveaux clients attirés par l’offre EKO ont fini par choisir une offre classique du Crédit Agricole en agence. La banque indique aussi qu’au cours de la première année, 50% de la clientèle Eko a souscrit une offre complémentaire, comme une assurance, un produit d’épargne ou des parts sociales. «On est en avance sur notre business plan, le PNB par client est supérieur aux 24 euros annuels de cotisation», souligne Yvan Picart. Souscrit majoritairement en agence (65% des ventes contre 25% sur le web), le compte Eko a été plébiscité par les jeunes de moins de 30 ans (60% de la clientèle) et par des personnes plutôt âgées, fragiles et peu aisées (10%).
Détruire l’image de «banque des riches»
Destinée à un tout autre type de clientèle, plutôt CSP+ et urbaine, Bforbank, la banque en ligne du groupe, a conquis un peu plus de 230.000 clients à ce jour. «Nous sommes dans une accélération de notre conquête», explique Pascal Pflieger, directeur général adjoint de BforBank. Depuis son repositionnement stratégique fin 2018, visant à détruire l’image de «banque des riches», la filiale du Crédit Agricole gagne près de 4.500 clients par mois, contre 3.500 auparavant. Des chiffres qui restent toutefois très modestes comparés à Boursorama (1,7 million de clients fin 2018), Compte-Nickel (1,1 million), ING (1 million de clients en France), N26 (600.000 clients en France), Revolut (550.000), ou encore Orange Bank (250.000). Son produit net bancaire s’est établi à 34,7 millions d’euros en 2017, en baisse de 7% par rapport à l’année précédente, selon les comptes publiés au journal officiel.
«On est en ligne avec les objectifs que le Crédit Agricole s’est fixés pour sa banque en ligne», soutient Pascal Pflieger. «Bforbank ne vise pas l’ensemble du public. C’est une banque premium qui s’adresse à des consommateurs souhaitant se constituer une épargne que ce soit via le crédit immobilier, l’assurance vie, la bourse, le courtage», ajoute-t-il. Un client Bforbank possède ainsi 20.000 euros d’épargne en moyenne tandis que le montant moyen du crédit immobilier est supérieur à 200.000 euros. La banque digitale, dont la perte nette a atteint 20,2 millions d’euros en 2017, travaille à une refonte complète de son application mobile et devrait intégrer le paiement mobile en 2019 ou 2020. Un service que propose déjà la majorité de ses concurrents.