Mr Jean-Marie KACOU GERVAIS
Président de L’OBAMCI
‘‘NOUS VOULONS QUE NOS EFFORTS IMPACTENT POSITIVEMENT LA VIE DES PAYSANS’’
Créée le 10 août 2009, l’Organisation des Producteurs-Exportateurs de Bananes, d’Ananas, de Mangues et d’Autres Fruits d’Exportation de Côte d’Ivoire (OBAM-CI) produit 70% de la banane dessert ivoirienne. Dans cet entretien, Monsieur Jean–Marie KACOU GERVAIS, président de l’OBAMCI fait un gros plan sur son organisation et présente les enjeux de la création de plantation de banane dessert dans le nord de la Côte d’Ivoire.
- Quel est l’état des lieux des Filières Fruitières en Côte d’Ivoire ?
L’Organisation des Producteurs-Exportateurs de Bananes, d’Ananas, de Mangues et d’Autres Fruits d’Exportation de Côte d’Ivoire (OBAM-CI) exporte 70% de la banane dessert ivoirienne. C’est-à- dire 190 000 à 200 000 tonnes par an. Concernant la mangue, 5 000 tonnes à 8 000 tonnes sont exportés par an et pour l’ananas, environ à 30 000 tonnes par an. Nous espérons pouvoir augmenter ces tonnages dès que le programme d’implantation de la banane dessert dans le nord aura atteint sa vitesse de croisière. C’est-à-dire 500 ha grâce aux planteurs villageois de la région que nous espérons associer à ce projet. L’OBAM-CI veut prouver aux producteurs ivoiriens que la culture de la banane peut se faire partout en côte d’ivoire pourvu que l’irrigation soit maitrisée. Nous venons de réaliser 2,5 ha de parcelle pilote de banane dessert inaugurée par le Premier Ministre de Côte d’Ivoire le 19 février 2014, et nous comptons étendre ces exploitations à 50 ha avec les réalisations qui sont en cours. A ce projet, nous voulons associer les petits planteurs afin qu’ils puissent produire de la banane dessert avec notre assistance. Nous produisons que 30 000t/an d’ananas, bien que ce secteur soit devenu difficile, à cause de la concurrence des pays Latinos-americains. Nous ne produisons plus de papaye pour une question de productivité et de calibrage. Plus les ivoiriens intégreront cette filière, plus nous atteindrons nos objectifs. Nos produits issus de nos exploitations (au nord) vont servir à alimenter les marchés des pays limitrophes.
- Parlez-nous de l’économie des filières fruitières (emplois créés et à venir, chiffres d’affaires par secteurs, etc.)
La filière Banane emploie pour l’instant, environ 10 000 personnes. Avec la création de nouvelles plantation dans le nord, nous comptons atteindre environ 20 000 personnes d’ici peu. La production fruitière ne représente que 4% du PIB agricole ivoirien. C’est encore peu, mais d’ici peu, nous porterons ce taux à 15% avec l’implication des petits planteurs à la SCB. Notre ananas n’est pas compétitif par rapport à ceux des pays Latino-américains car les coûts ou facteurs de productions sont élevés. Cela pose des problèmes liés à la recherche que nous devons résoudre. l’OBAM-CI a exportée 8 000t de mangue en 2013. C’est beaucoup, mais notre souci est d’exporter les produits dans les meilleures conditions. L’exploitation dans le nord va conduire à l’installation des moyens de réfrigération et de conservation des produits dans les meilleures conditions. Les fruits seront conservés dans des hangars réfrigérés pour ne plus enregistrer des pertes post récoltes. Car 30 à 40% de la production de mangue ne sont pas commercialisables après la récolte. Les techniques modernes de production vont nous permettre de produire également des produits maraîchers toute l’année. Il n’y aura pas de rupture de production comme nous pouvons le constater actuellement.Ce sera une innovation en matière de production et de distribution de légumes.
- Quel est l’impact des filières fruitières dans le développement (social, environnemental) des zones de productions ?
Nous voulons que nos efforts impactent positivement la vie des paysans avec lesquels nous travaillons. Ces efforts sociaux sont portés sur la construction d’écoles, et de centres sanitaires. Nous produisons dans les meilleures conditions écologiques possibles. Concernant l’environnement, notre objectif est que le paysan qui s’associe à nous adopte nos techniques culturales qui impliquent le respect de l’environnement. Il n’y aura pas que les écoles, les centres de santé, etc. mais nous inculquons une conscience écologique à nos producteurs.
- Comment se fait la commercialisation des fruits tropicaux de Côte d’Ivoire (marchés locaux, régionaux et internationaux) ?
Les produits tropicaux en Côte d’Ivoire souffrent de la mauvaise conservation entrainant la perte de plus de 30 à 50% de la production. Ce n’est pas normal ! Il nous faut trouver des solutions et nous l’avons trouvée. Dans un futur très proche, les paysans pourront conserver et transporter leurs produits dans les mêmes conditions que les grandes firmes. En Europe et ailleurs, la banane ivoirienne est très appréciée que toutes les autres bananes, notamment celles d’Amérique Latine. Je le dis avec fierté car c’est une vérité. Malheureusement, nous ne produisons pas autant que les pays latino-américains. Notre groupe est le premier producteur exportateur de banane en Afrique. Nos bananes sont très demandées sur le marché international et nous ne pouvons que nous en réjouir. La mangue ivoirienne également est extrêmement recherchée en Europe. C’est dommage qu’il y ait rupture d’approvisionnement à certaines pé- riodes de l’année. Les solutions n’ont pas encore été trouvées pour produire la mangue toute l’année. La recherche devrait mettre au point des variétés permettant d’étaler la production sur l’année.
- Quel est le niveau de transformation de nos produits ?
La transformation des produits, est un autre volet. Nous ne sommes pas des transformateurs de produits. C’est tout une activité différente, une technologie que nous ne maitrisons pas. Nous espérons qu’il y aura des personnes qui se manifesteront pour pouvoir transformer nos produits parce que tout n’est pas exporté. Je vous avoue que c’est un problème mais il y a des intentions qui se manifestent pour créer des usines de transformations chez nous.
- Mot de fin
Notre mot de fin est plutôt un vœu. L’ivoirien sait produire, mais ne sait pas conserver sa production, il ne sait pas la transporter et ne sait pas la vendre. Il faut donc créer les conditions logistiques pour transporter ces produits. Nous avons une esquisse, parce que nous allons produire des fruits tropicaux et légumes dans le nord, qui seront acheminés sur Abidjan. Cet effort devra être multiplié et le gouvernement a trouvé une réponse à notre préoccupation. En Côte d’ Ivoire, la vente de nos produits se fait en vrac. Il faut mettre fin à cette pratique. Si nous vendons nos produits par tas, on ne sait jamais quel volume ou quantité de fruits ou légumes nous avons produit. Il faut que l’ivoirien arrive à vendre ses produits au kilogramme. Le producteur ivoirien sait produire mais n’a accès à aucun financement. Il s’autofinance et naturellement ses efforts n’en sont que réduits. Pour être grand planteur, il faut être très riche or l’ivoirien n’est pas très riche. Et mon vœu est que le producteur ivoirien ait absolument accès au crédit. J’espère que des réponses seront trouvées à ces problématiques.