L’objectif à court terme est de construire un véritable atelier au Mali, au plus près de la future clientèle africaine. Jeune entrepreneur franco-malien de 30 ans, Chérif Haïdara dirige une entreprise d’import-export installée à Aubervilliers, en proche banlieue parisienne. Fils de diplomate, ancien élève du lycée français de Pékin, il parle couramment le mandarin. Un vrai plus pour ce chef d’entreprise collé à ses deux téléphones portables, qui travaille avec près de 400 fournisseurs chinois. Mais ce n’est pas tout.
A côté de ce business rentable mais routinier, Chérif Haïdara s’est lancé dans un projet plus vaste, en lien avec la France, la Chine, et le Mali. Il a tout d’abord créé Afrikasia, une association qui promeut « les échanges culturels, sociaux et économiques entre l’Afrique et l’Asie dans le cadre du développement des relations entre ces deux régions ». Elle ambitionne notamment de préparer les jeunes diplômés maliens souhaitant tenter leur chance en Chine, le nouvel eldorado des étudiants africains.
Cette idée est venue à Chérif Haïdara lors de ses études de commerce en France. A travers notamment l’organisation de conférences, il a ainsi pu tisser un réseau entre les communautés chinoises et africaines, qui participe au développement des relations économiques et commerciales entre l’Afrique et la Chine.
Rudimentaire et réparable
L’entrepreneur a également eu une vision. En effet, après avoir assisté à l’une de ces conférences -consacrée aux énergies renouvelables-, il imagine Afrika Solar, une lampe écologique équipée d’un petit panneau solaire. Une batterie vient compléter l’installation, afin de stocker l’énergie durant les périodes d’ensoleillement.
Alors que 15% seulement des zones rurales maliennes disposent d’un accès à l’électricité (55% en zones urbaines), ce type d’appareil pourrait contribuer à l’électrification en douceur de ces régions encore isolées. Initialement produite en Chine et en plastique injecté, la lampe solaire de Chérif Haïdara (modèles Magic Lampe et Zango Tech) a aujourd’hui complètement évoluée.
Baptisé Zulu Lampe, le nouveau modèle n’est assemblé qu’à partir de matériaux recyclés. Il nécessite un bocal à cornichons ou un pot de confiture en verre, ainsi qu’un socle en bambou. Plus rudimentaire, l’objet n’en est que plus facilement réparable. Selon ses déclinaisons, le prix de la Zulu Lampe varie entre 10 et 40 euros. Assemblées par des bénévoles, à Paris, elles devraient bientôt être produites au Mali, dans un atelier situé au plus près des futurs clients. « Aujourd’hui, l’objectif est de produire quelque chose que, nous, les Africains, pourrons faire nous-mêmes », déclarait ainsi Chérif Haïdara, qui espère pouvoir embaucher cinq personnes.
Avec afrique.latribune