La troisième conférence du secteur agricole mise sur pied au sein de la CCI France-Russie et ayant rassemblé en fin de semaine dernière différents professionnels et experts, a permis de dessiner les contours du futur réservé au partenariat franco-russe dans le domaine de l’agriculture, secteur stratégique dans les relations entre les deux pays.
L’agroalimentaire, un secteur porteur
La Russie affiche le souhait de travailler à la réduction de sa dépendance vis-à-vis des importations, et cela pourrait impacter tout particulièrement les échanges économiques dans le secteur agricole.
Le fromage, pour lequel les Russes expriment un goût toujours plus prononcé, en est la parfaite illustration. En effet, afin de développer les industries laitière et fromagère sur son territoire, le pays a pour ambition de s’appuyer sur l’évident savoir-faire français. C’est tout particulièrement le cas de la région de Moscou, qui représente le 1er marché et le 3ème producteur au niveau national.
Les spécialistes notent en outre que la Russie n’échappe pas non plus à l’essor de l’agriculture biologique. Fait intéressant, elle a fait son entrée sur ce marché en 2017 en livrant une première tonne de marchandise à l’Europe.
Localiser la production de matériel
Évolution intrinsèquement liée à cela, on constate aujourd’hui en Russie une démocratisation des chaînes de production de taille modeste, destinées à proposer des aliments de qualité supérieure. Cela explique d’ailleurs pourquoi de plus en plus nombreux sont les producteurs locaux à opter pour du matériel en provenance de France, les équipements russes étant plus adaptés à des processus industriels de masse.
« Il est important de fabriquer en Russie les machines destinées au marché russe », a par conséquent déclaré Nicolas Raimbault, directeur général de Kuhn Vostok, qui, comme son nom l’indique est la filiale russe de la société française Kuhn, spécialisée dans la fabrication de matériel agricole tracté. Il précise également que la rapidité du service après-vente est un facteur très apprécié sur le marché russe, ce qui a poussé l’entreprise à aller même jusqu’à expérimenter aujourd’hui un service de livraison aérienne en trois heures maximum sur l’ensemble du territoire national.
Le vin russe de demain
Autre secteur emblématique des relations économiques franco-russes dans le domaine de l’agriculture, la viticulture est, bien que prometteuse, aujourd’hui confrontée à diverses problématiques.
En effet, la Russie souffre d’un manque de spécialiste et d’œnologues, a soutenu l’expert indépendant Arthur Sarkisian. Ici aussi ce problème semble lié à la prépondérance des formations industrielles destinées à gérer des exploitations de grande échelle, a précisé Anton Stepachtchenko, représentant pour la Russie de Diam, compagnie française productrice de bouchons en liège.
Selon lui, le pays devra également poursuivre ses efforts dans le remplacement de ses pieds de vigne, la quasi-totalité de ceux présents sur le territoire russe n’étant pas adaptés. La Russie pourrait ainsi espérer substituer complètement ses importations en vin d’ici à 20 ans minimum.
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